Monologue dramatique d'après le texte éponyme de Olivia Rosenthal, adapté et mis en scène par Charlotte Lagrange et interprété par Julie Palmier.
Pour leurs débuts professionnels, Charlotte Lagrange, à l’adaptation théâtrale et à la mise en scène, Nicolas Guéniau pour la scénographie, Thomas Cottereau aux lumières et Julie Palmier au jeu, n’ont pas opté pour la facilité.
En effet, ce jeune quatuor issu de la promotion 2010 de l’Ecole du Théâtre National de Strasbourg a placé la barre très haut en choisissant de porter sur scène un texte qui n’y était pas vraiment destiné et se présentant, de surcroît, comme un récit polyphonique à une voix ce qui implique le difficultissime exercice du seul en scène.
A partir d’un fait divers, la tentative de meurtre de son épouse par un homme atteint de la maladie d’Alzheimer, Olivia Rosenthal a écrit "On n’est pas là pour disparaître" qui aborde, de manière intelligente par la voie de la réflexion métaphysique, sans pathos ni sentimentalisme et sans s’engager ni dans la voie du clinicisme ni de la criminologie, ce que peut être l’essence de l’homme.
La narratrice qui s’intéresse à ce cas précis sans que que puisse vraiment se discerner à quel titre, mais le hasard n'existe pas, va se trouver investie par cette histoire qui a trouvé un écho intime en elle et porter l'esprit des protagonistes, comme un médium, qui vont s'exprimer par sa bouche.
Dans une remarquable prestation qui révèle une jeune comédienne talentueuse et captivante, Julie Palmier, gracile blonde aux yeux bleux au physique idéal de jeune première du répertoire classique, porte ce texte avec une intensité et une puissance de jeu à la fois étonnante et bouleversante relevant totalement le défi de la simultanéité "sonore" de chaque personnage sans changer de note et en restant dans le timbre de sa voix.
Car Charlotte Lagrange a su parfaitement gérer la transposition sur scène, une scène trifrontale et plateau nu, de ce texte narrativo-réflexif qui, à l'instar de l'harmonie tonale, imbrique différents niveaux et sources de récits et aborde de manière diffractée un sujet complexe qui est moins celui de la mort physique que la disparition au monde.
Un quatuor à suivre donc, de près. |