Il y a certains labels dont on achète les productions les yeux fermés et les oreilles grandes ouvertes. Ils sont peu nombreux, souvent anglais ou américains, ils s'appellent Sub Pop, 4AD ou Chemikal Underground. En France, il est difficile de trouver ce genre de références, ou alors chez des micro labels indépendants qu'il faut aller dénicher.
Kütu Folk en fait partie et au travers d'un véritable travail d'artisanat, ce jeune label auvergnat propose déjà à son catalogue quelques jolies perles, dont The Delano Orchestra, Leopold Skin, les canadiens de Soso et maintenant d'autres canadiens avec cet album de Evening Hymns.
Si Soso représentait une sorte d'entorse au catalogue folk du label avec son electro qui lorgnait du côté du Why?, Evening Hymns revient à la terre qui donne ses racines à cette musique.
Très orchestrée, la musique de Evening Hymns est loin de l'aridité austère que l'on craint toujours un peu dans la folk. Tout est là, des guitares juste assez électriques, des cuivres à la Calexico qui vous déchirent le coeur ("Lanterns") et des rythmiques souvent très justement dosées et rarement trop présentes (le clap de "Tumultous sea" est presque agaçant) qui donnent des reliefs pour le moins variés au disque dont les quelques envolées épiques finissent de nous emporter comme sur le fameux "Dead deer" tout autant que la cavalcade de "Broken rifle" et son chant plus pop et parfaitement maîtrisé.
"Cedars" est également un morceau de choix et ressemble à du Nick Drake moderne. Dommage, en revanche, pour cet avant-dernier morceau, 5 minutes de bruit d'orage et de pluie, un peu inutile sur un album (mais à n'en pas douter parfait pour terminer un concert pendant que les gens quittent la salle et redescendent sur terre) et que l'on passera systématiquement, au détriment du dernier titre, "History books" intimiste et dépouillé qui, pour le coup, mérite pourtant d'être écouté et qui ferme magnifiquement ce disque, laissant l'auditeur dans un état fort agréable d'apesanteur.
Spirit Guides est un très beau disque, plein de douceur et de désenchantement mêlés, une vraie belle claque folk, qu'à force de guitare trop sèches et de mélodies trop brutes, on finissait par ne plus espérer. Jason Vernon, Devendra Banhart ou Alela Diane doivent se sentir moins seuls. |