Solo chorégraphique conçu et interprété par Pierre Rigal.
Pierre Rigal, chorégraphe et danseur né en 1973, est pourtant venu sur le tard à la danse. Après une carrière d'athlète, il intègre la compagnie de Gilles Jobin à 28 ans. Ce n'est qu'en 2003 qu'il fonde sa propre Compagnie Dernière minute.
Son travail, nourri par des études dans le domaine audiovisuel et les mathématiques, se distingue d'abord par des thématiques récurrentes, la technique, la déshumanisation du monde qui en résulte, ainsi que la gravité terrestre qu'il utilise comme symbolique de toutes les autres contraintes, politiques ou sociétales.
De plus, les créations lumineuses et vidéo occupent une place importante dans la scénographie de ses chorégraphies. Dans la danse de Pierre Rigal, le corps est souvent immobile, voire immobilisé ou encore fixé par persistance rétinienne suite à des effets de flash ou de stroboscope.
Sa première création "Érection", date de 2003. Seul en scène, il est au sol. D'abord sur le ventre, il se retourne. La poitrine se soulève. Petit à petit, l'homme (voire l'Homme, avec une majuscule) s'élève, membre par membre. Symbolique du darwinisme, cette chorégraphie par le jeu des lumières n'en oublie pas d'amener une vision sociétale et politique.
Les vidéos projetées au sol figurent des territoires qui changent de couleur, s'étendent ou se rétractent, dans lequel l'homme est maintenu ou d'où il est aussi parfois aussi brutalement éjecté. Ces lumières peuvent aussi former barreaux ou grillages qui sont autant de contraintes qui maintiennent l'homme courbé, à proximité du sol.
Dans la vision de Pierre Rigal et d'Aurélien Bory, la technique, illustrée par les créations sonores de Sylvain Chauveau et Joan Cambon, d'abord au service de la répression ne se transforme en objet d'émancipation qu'après un certain temps, mais elle permet à l'individu de continuer à s'élever, jusqu'à ce qu'il disparaisse, inutile, transformé en machine, relégué derrière cette technique qui le dépasse. Il devient comme pixelisé avant de disparaître.
La vision de Pierre Rigal et Aurélien Bory est sombre, voire frôle parfois la paranoïa. Cependant l'expression en est gracieuse. |