Du hip hop militant et du rap ancré dans le réel, c’est Par temps de rage, by La Canaille.
Un quatuor lucide sur son époque, notre époque, qui pose un état des lieux objectif de l’identitarisme inutile et de la montée de la parano. Parce que la jeunesse d’aujourd’hui n’a certainement pas connu de conflit armé, elle n’a pas dû défendre son pays au prix de son sang, mais elle a été élevée dans la culpabilité et les regrets de ceux qui n’ont rien vu venir, qui souffrent encore d’avoir suivi comme des moutons, d’avoir fermé les yeux sur trop d’injustices.
C’est avec une poésie aux mains calleuses que Marc Nammour décrit le monde, les crédits à la consommation, la crise, la précarité, la connerie, la mondialisation, les délocalisations, la sous-traitance, l’indifférence, la condescendance, les paradis artificiels et les fleurs fanées…
Oui, c’est moche, c’est gris et pessimiste
mais, en même temps, il sait ajouter cette note d’espoir fou, la magie d’un instant, les bacs à sable, le café crème, l’impossible, l’inconnu, la flamme, l’aplomb de botter les culs, le rap à la dent dure, la vie.
Non, ce n’est pas évident de mélanger ces deux notes, mais ça fonctionne, comme un antidote à la morosité. Tant pis si je me répète : "c’est la Canaille, soyez-en". |