Ma journée avait pourtant si mal commencé. La chanson du réveil, c’était une blonde qui se roule dans le pétrole (maiiisss siii, celle qui dit ouakaouaka-é-é), nul. Mon chat a vomi sur mon tapis, j’ai mis le pied gauche dedans, nul. J’ai fait tomber mes clés dans la trappe qui mène à la cave, fermée dehors, j’ai tapé au carreau de ma voisine, qui m’a posé un calibre sur la tempe, elle ne m’attendait pas… Moi non plus. Il y avait des yaourts périmés dans le frigo, beurk. J’avais tous "Les sens en usure", ras le bol…
Je suis allée travailler, avec le sosie de mon ex, "Passé", nul. Les collègues blasés, les nouvelles tristes, le vent mauvais, le management au baillon "Slam média". Alors j’ai agi, je suis allée faire la fermeture des soldes, en tapant pour deux cents euros de fringues de la nouvelle collection, en faisant croire que j’étais riche en apparence, Mastercard a vu "Rouge".
Et puis, au détour de rien du tout, j’en ai eu un grand comme ça, pétillant comme ça "quand il est pour toi tu peux pas te tromper, droit en plein cœur, pas celui d’à côté, t’es le roi du monde et pas qu’à peu près" : "Le sourire d’un môme". "C’est bon comme un bonbon, doux comme un bisou". Oh que oui.
Alors j’ai levé les yeux, j’étais entourée de "Petites figures", "qui vivent en bas de chez nous, qui ferment leur gueule sur leurs blessures et qui avancent malgré tout". Je suis allée remercier ma voisine (pour les clés dans la cave qui fout les jetons), on a fini la soirée à se peindre les ongles des orteils de toutes les couleurs, au feutre, il y a plus de choix…
Voilà, c’était Flow, en plein cœur, dans le mille, pile poil. Larmes Blanches n’est que son deuxième album, qui dédramatise, relativise, décomplexe, jusqu’à me convaincre que cette journée était excellente, avec des chansons punk à texte, des valses rock, des pianos…
Le mot de la fin ? C’est l’album des petits bonheurs, à prescrire à tous ces va-nu pieds trop pressés et rabat-joie. De toute urgence. |