Seul en scène humoristique de Jos Houben.
Belge de naissance, international par les progrès de l'aviation, Jos Houben plante son univers au Rond-Point pour un mois de représentations. Qu'est-ce que le rire ?
Avec un faux sérieux impressionnant, un "Cours magistral" (Master class en haut-décadent hexagonal) est donné au public par un professeur halluciné, un Devos compatissant qui tend à nous faire comprendre les mécanismes de ce bruit, à cheval entre le hocquet et la toux, qui menace le sérieux et ébranle la comédie.
Toutes les situations sont drôles. Tout ce qui vacille est drôle. Le granit ne l'est pas. Mais l'homme de granit - le religieux, le politique, le professeur - dès qu'il se meut et peut rater une marche est menacé par le rire.
Houben, véritable absurde, véritable belge, de ce pays de l'entre-deux, convainc et entraine dans sa folie un public libéré du conformisme ambiant et du nuage toxique du "politiquement correct".
L'idée de la tristesse, presque indispensable (pas la mélancolie, poison-drogue qui se nourrit d'elle même) à l'éclosion du rire, s'il y a effet "de bande" (la salle de spectacle est une réunion en bande organisée, subversive, prête à rire de tout, loin de l'espionnage informatique; il n'y a pas encore de vidéo-surveillance des spectateurs) réjouit l'âme et console, et relativise tout délicieusement.
Le professeur Houben (ancien abonné de la défunte Sabéna et de ses vols transatlantiques ?) jette un peu trop les yeux vers la vieille Amérique, conspue les Conservateurs (chacun sait qu'ils sont très dangereux pour la santé) s'émerveille des affreux sketchs des présentateurs pâteux et enscotchés de la T.V. américaine, oubliant W.C. Fields - si peu américain, avec son exquis manque absolu d'optimisme - et tout l'esprit français, plutôt irrésistible, mais baste, on s'amuse fort dans sa classe.
Et si, comme il le dit lui-même: "Le rire est partout, sauf, parfois, chez les comiques", le comique, chez lui, est partout, même, parfois, hors des rires. |