En ce jeudi soir, le 104 vivait à l'heure des Îles Féroé, un archipel peu peuplé mais où une scène musicale vivace semble prospérer.
Budam avait excité notre curiosité lorsque, en interview, il avait évoqué la mise en scène qui accompagnait la présentation de son nouvel album devant un public, ne parlant pas de concert mais d'un spectacle appelé "Man on stage".
La chaise légèrement surélevée en milieu du plateau rappelait la mise en scène de Georges Werler pour Le roi se meurt de Ionesco. Deux draps tendus au bout de perches qui tenaient des micros encadraient cette chaise, un globe argenté était suspendu au-dessus de la scène.
Au centre, se tenait Budam, à sa droite un clavier et un piano, le musicien habillait aussi les compositions de quelques effets électroniques, à sa gauche un batteur barbu coiffé d'un chapeau melon.
Budam, au long du concert, évoquera en chanson sa place d'homme sur une petite planète. Que ce soit en conduisant "The bicycle" ou "The aeroplane", ces moyens de locomotion l'emmènent jusqu'en Inde où il se rêve kornak, guidant "The elephant" à grands coups de ceintures sur la scène. Avec le fil du micro, il dirige l'éléphant dont la tête sculptée en étoffe blanche s'agite au bout d'une perche.
Son visage expressif participe du spectacle, et il parvient à faire fredonner aux spectateurs les mélodies de ses chansons. En rappel, il interprètera "Do that thing" a cappela. La voix de Budam est splendide. Les versions plus dépouillées que sur disque permettent de découvrir un grand chanteur à l'univers singulier.
En seconde partie de soirée, les membres d'Orka, groupe lui aussi originaire des îles Féroé, disposent sur scène leur attirail : un clavier, deux tables de mixage, un bidon de métal, des plaques de fer, une harpe horizontale et un instrument étrange, sorte de long bâton avec une seule corde. Leur univers est plus sombre que celui de Budam. Plongés dans une semi-pénombre, les musiciens, dont deux au look viking, proposent des morceaux qui font se croiser Einstuerzende Neubauten et Rosa+Crvx.
Les thèmes musicaux répétitifs et les percussions métalliques s'adoucissent de choeurs virils empreints, semble-t-il, de spiritualité.
Quant à la signification des paroles, ne comprenant ni le danois, ni le féroïen (et ne sachant même pas dans lequel de ces deux idiomes ils s'expriment), je serais bien en peine de vous en parler. Mais une impression de puissance se dégage des sons gutturaux de cette langue.
Cette soirée, sous le signe de la découverte, tenait toutes ses promesses.
|