Lorsque j'ai commencé à écouter Rooms, j'ai trouvé ce disque de Hotel 74 vraiment bien. Au fil des écoutes, l'excitation retombe un peu cependant, mais Rooms reste un agréable disque d'electro un brin post rockeuse.
L'electro rock quasi instrumental un peu plannant mais assez dense fait son effet et l'écoute est franchement plaisante même si cette première signature de Naïve Digitale (la mode est à la dématérialisation, mais c'est un autre débat) ne sera pas un tournant dans le paysage musical français.
Ici, le groupe a donc joué sur l'idée que leur album serait un hôtel et que chaque musique représenterait une pièce (chambre, ou pas). Belle idée, mais reste à savoir si avec un nom pareil, Hotel 74 va passer sa vie à sortir des chansons titrées de numéro de chambre, comme Turzi s'amuse avec l'alphabet. Ceci dit, il y a aussi couloir et autres espaces communs dans l'hôtel 74.
Quoi qu'il en soit, sous couvert de ce concept qui en vaut bien un autre, le groupe propose une balade tranquille, presque zen mais parsemée de quelques moments plus angoissants fort à propos pour éviter heureusement que ce disque ne devienne un énième objet à écouter en brunchant ("Room 66" échappe notamment de peu à cette affreuse catégorie).
Le très minimaliste "Penthouse" s'enchaine joliment avec "Room 72" qui n'est pas sans rappeler Sigur Rós, le mur du son de guitares en moins.
Quelques incursions vocales, elles aussi assez proches parfois de Sigur Rós, d'une part par leur tonalités mais aussi par le traitement qui en fait un instrument plutôt qu'un chant mis en avant, viennent ponctuer certains morceaux, en alternance avec des bricolages sonores façon vieilles radio (on pense alors à un autre groupe français dans un style assez proche qui est All the stars fall).
La visite de l'établissement se fait sans heurts, d'une traite ou, comme moi, en retournant souvent dans la même chambre, en vieil habitué qui n'a pas forcément envie de la plus belle suite mais de la chambre dans laquelle il se sent bien. La 69 est cool, la 80 aussi. Les autres, on les conseillera aux amis. Comme la 87, un peu bruyante mais charmeuse, voire hypnotique. L'ascenseur est très agréable aussi avec sa guitare post rockeuse et détendue ("Elevator").
Le séjour à l'Hotel 74 est en tout cas plutôt agréable, tout confort moderne, calme, mais le personnel est encore un peu froid et distant avec le client. Le prochain séjour devra(it) être sans faute pour avoir les honneurs de quelques guides réputés. |