Ces derniers temps, j'ai comme l'impression de ne croiser que des groupes venant des Îles Féroé. Il ne faut pas s'étonner qu'ils soient nuls au foot, il semble que la faible population de l'île soit plus versée dans l'artistique que dans le footbalistique et rien que pour cela, je les envie.
Après la pop claire et charmeuse de Teitur, Budam et son blues dense et noir, voilà donc la musique déconstruite et hallucinée d'Orka qui arrive sur Oro, leur nouvelle création.
Ce groupe, découvert il y a quelques années par Yann Tiersen sur les Transmusicales de Rennes, est cependant assez loin des deux autres cités. Pas de pop, ni de folk ici mais des choses nettement plus expérimentales.
La musique d'Orka ressemble à un étonnant mélange entre l'electro organique et bricoleuse de Xiu Xiu et la cold wave mystique et incantatoire de Dead Can Dance.
Si l'ensemble s'avère du coup assez sombre et inquiétant, notamment de par la présence de sons graves et lancinants, donnant l'impression d'évoluer dans un château hanté un soir d'orage et de panne de courant ("Rumdardrongurim"), sensation renforcée par le chant dans une langue parfaitement inconnue (enfin je suppose que les gens des Îles Féroé la connaissent) et guturale ("Moldblak"), il y a aussi quelques moments de répit permettant à l'auditeur de prendre un peu d'air avant de replonger dans les noirceurs de Oro. C'est notamment le cas de "Hon leitar" qui est très inspiré de ce que peut faire Tiersen, mais aussi de "Kapersber" qui ferme l'album, certes ultra noir mais en même temps très paisible si tant est que ces deux adjectifs aient un sens acollés l'un à l'autre.
Hypnotique, à l'image de "Betri tidir" et son rythme pénétrant, Oro est une sorte d'ovni, qui tient autant du rock que de la musique contemporaine, d'une oeuvre d'art et d'un ballet macabre.
Oro est un disque atypique, comme rarement et une remarquable réussite. |