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puce Gordon Shumway - Bibio - Battles
Le Cabaret Sauvage  (Paris)  jeudi 30 juin 2011

Inattendue, voilà comment résumer la soirée en un mot. En même temps, la vie a aussi tendance à l’être quand on débarque à Paris. Parce qu’on a beau avoir écouté les disques des dizaines de fois et connaître l’histoire des labels, avoir une idée juste de certains groupes reste impossible sans les avoir vus en live – et des groupes comme Battles ou Bibio, connus pour instaurer une atmosphère si particulière, en forment la première ligne.

Le label Warp fait en effet parti de ces labels aux groupes singuliers, et ce depuis 1989. On nous a tous un jour raconté ses débuts à Sheffield, sous l’égide du label Chackk et du Cabaret Voltaire, ce label DIY qui gérait tout, du design au son lui-même, qui vénérait autant le rock expérimental allemand que le rock steady, et produisait des "groupes de bruit". Et il ne nous a pas déçus : avec application et exigence, il a tenu à faire découvrir une liste longue de groupes cultes, fondateurs de certains mouvements musicaux maintenant populaires. Il en est un des labels les plus intéressant à suivre, tant chaque sortie fait potentiellement histoire dans la musique – et ce pour puristes ou néophytes.

Pour faire un bref rappel, on se souvient de groupes comme Autechre, ou encore Aphex Twin, sorte d’electro expérimentale aride, rangée sous la si controversée appellation Intelligent Dance Music (mère du Drum & Bass) ou encore d’Antipop Consortium, faisant la synthèse étonnante du Hip Hop et du Krautrock et de Brian Eno, qui vient de sortir son nouvel album. Bref, la tension est à son comble, et cette Warp Night est très attendue (malgré l’absence regrettée d’Andrew Weatherall – on ne saura pas s’il avait sa moustache et si son premier morceau aurait été de la country de par son caractère imprévisible). C’est donc l’occasion de découvrir les signatures plus indés de ces 10 dernières années : Bibio pour son premier live en France, et le grand retour de Battles, qui pourrait un jour être tout aussi culte que ses prédécesseurs.

Le Cabaret Sauvage est une salle aussi ronde que le son de Gordon Shumway qui nous y attend lors de notre arrivée, un verre de cocktail sauvage à la main. On remarquera que la plupart des gens n’ont toujours pas compris l’intérêt des premières parties, sorte d’hors d’œuvre à la suite des événements, vu la défection flagrante du public. Ce mec est un DJ au sein d’Infiné (et non un alien), résident à la Machine du Moulin Rouge, et s’il vient des milieux hip hop électro il s’est lentement tourné vers le clubbing voire le Uk garage – il garde une curiosité flagrante pour le passé.

D’ailleurs, il mixe avec des vinyls et scratche avec application, preuve de son côté Old School. En live, Gordon Shumway possède ce doigté essentiel pour gérer les montées de tensions en musique électronique, qui rend un public accroché à son set, tout en créant une sorte de build up continuel. Si cela commence avec un son assez froid et épuré, le nombre de pistes augmente et le son prend autant en profondeur qu’en ampleur avec le temps. A la fin, le nombre de gens assis a doublé, et si on ferme les yeux on voit presque les couleurs de l’été tant le bain de son qu’il a crée nous envahit.

Dans un passage de flambeau géométrique, Bibio prend le relai de l’autre côté de la salle, et tout le monde se précipite au milieu de l’arène. Le petit protégé de Boards of Canada a plus de 3 albums à son actif, et pour moi, ses sonorités racontent des histoires bucoliques, des pistes de guitare sèches sur magnéto, nostalgiques – même si ces derniers temps, il a plus tendance à virer electronica. Il ne tergiverse pas et commence sec avec une déflagration sonore sur des rythmes de Hip Hop et de soul épurée (ce qui corrobore avec son ex-label Mush des States) – la température monte de 10° malgré le côté très glacial des lumières bleues, pendant que les rappeurs autant que les indies kids font la balance avec leur bassin (il excelle dans les mélanges de styles).

Il joue essentiellement son dernier album, Mind Bokeh, dont par exemple "Anything New", et cela vire limite parfois dans de la pop "guitarreuse" (ce qui lui réussit moins), avec l’utilisation de voix cristallines. Mais je fus surtout surprise : aucune ambiance nostalgique, c’est beaucoup plus électronique que je ne pensais – il prend des sons, les fait évoluer, les torture avec passion. Il est passé maître dans l’art de jouer avec son public, nous faisant passer du chaud au froid en un claquement de doigt – on ne sait plus où donner de la tête. Ce sont des samples répétitifs et lancinants en 4x2, avec des changements tellement brusques (et bam ! une piste de basse inopinée) qu’il nous laisse perplexe (positivement) alternés avec d’autres complètement déstructurés aux compositions aussi sourdes qu’éclatées. La musique s’alourdit progressivement, mais vers la fin a tendance à s’épuiser, l’effet de surprise s’étant effacé.

Il finit sur une sorte de piste Prodigy-iesque, avec une rythmique très rapide et soutenue, une petite surprise pour bien nous montrer qu’il a fait de nous exactement ce qu’il voulait et que c’est un dieu du son établi. Le public a suivi, de toute façon ; tout le monde aime se faire emmener quelque part, surtout dans les paysages musicaux nouveaux.

Enfin, le groupe phare, celui que tout le monde attend, débarque sur la scène abandonnée. Battles, avec des influences aussi diverses que Steve Reich et Can, a marqué l’histoire du math rock avec ses premiers EPs et album Mirrored. Mais le chanteur Tyondai Braxto, et sa voix enfantine cartoonifée samplé en boucle qui incarnait l’âme de leur musique, a quitté le groupe. C’est à la fois la pire et la meilleure chose qu’il ait pu leur arriver ; ils sont désormais obligés de réinventer leur musique au lieu d’enregistrer une simple suite.

On trépigne d’impatience de voir ce que donne leur nouvelle formule en live. Une chose est sûre – ils ne joueront pas les hits comme "Tonto". Moi qui ne les ai jamais vus en live auparavant, je les ai toujours imaginés avec la même force brute et instaurant la même transe que Foals à ses débuts (peut-être parce que ces deux groupes doivent beaucoup à des batteurs d’exception, John Stainer, ex-Helmet d’ailleurs pour Battles). Je n’ai pas été déçue. Le show commence, le son est lourd, saturé, les notes au piano lentement égrenées. Les gens s’amassent, contemplatifs, presque recueillis religieusement.

Et là, la célèbre cymbale accrochée à 1,50 m de haut résonne et tout s’enflamme. Le mur de son avance en bataille rangée, c’est l’onde de choc et l’opening track de l’album rend les gens fous. Battles alternent les touches légères, lancinantes, avec des plages de répit avant le retour de la transe. On est perdus, on ne sait plus quel son vient de quel instrument, et cela nous ravit. De toute façon, les boucles constituent la base dans ce maelström de bruit enivrant. Tout est très haché, et on voit qu’ils se sont recentrés sur la musique, donc l’essentiel, pas de surenchère ici.

Et surtout, ce qui est frappant, c’est à quel point le groupe s’éclate sur scène, des sourires fantasques sur leur figure. Derrière eux, se trouvent deux écrans pour donner une identité aux samples de voix, et si ça fonctionne convenablement pour "Sweetie & Shag" avec Kazu Mikano, et celui avec Gary Numan ("My Machines"), on voit que Battles ont réussi leur pari avec "Ice Cream" (Matias Aguayo), clairement le tube pop mutant de l’été. Ils arrivent toujours à nous surprendre. Somme toute, c’est beaucoup moins sombre que leur premier album, et on a vraiment l’impression d’être en été.

Le set finit sans rappel et nous laisse vraiment épuisés, mais heureux. L’heure et demie est passée comme un éclair. Tout cela vaut bien les deux heures de galère Noctilien-nnes pour rentrer chez moi.

 

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En savoir plus :
Le Myspace de Gordon Shumway
Le Myspace de Bibio
Le site officiel de Battles
Le Myspace de Battles


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