Le
mouvement grunge ayant cédé la place au revival rock,
les Screaming trees ayant jeté
l'éponge, il ne reste à Mark Lanegan
que les Queen of the Stone age pour
se consoler.
Mais comme cela ne lui suffit pas il reprend du service en solo
avec ce nouvel album Bubblegum
et revient donc après un longue pause de 3 ans après
son remarquable Field Songs. Album country
blues à la pochette un peu rétro (rappelant d'ailleurs
discrètement celles des 16 Horsepower
période Sackcloth 'n' Ashes).
Mark Lanegan, figure emblématique du mouvement grunge,
pourtant moins célèbre que Kurt
Cobain (avec qui il avait souhaité enregistré,
déjà, à l'époque un album plus blues
et acoustique dans la lignée des fameux MTV
Unplugged de Nirvana).
Moins connu certes mais tout autant charismatique, cet ex Screaming
Trees a donc plus d'une corde à son arc et une fois
de plus il vient nous cueillir là ou ne l'attendait pas avec
cet album de songwriter accompli, oscillant entre blues, country
et rock s'entourant de membres des Queen of the stone age mais également
d'une mystérieuse Polly Harvey qu'il
sera aisé de démasquer.
A peine le temps d'être accueilli sur "When
your number isn't up", c'est la voix rauque et chaleureuse
de Mark Lanegan qui nous cueille sur une ballade sans artifice à
peine accompagnée d'un orgue et d'une basse.
Belle entrée en matière qui se poursuit sur le plus
rock 'n roll "Hit the city"
avec Polly Harvey dont la voix distordue se marie parfaitement avec
celle de Lanegan. Sur "Come to me",
seconde participation de PJ Harvey sur ce disque, le duo est plus
équitable, la voix de PJ lutte à égalité
avec celle de Lanegan, sans distorsion cette fois ci pour une ballade
dont semble t il Lanegan a le secret tant elles sont efficaces.
D'ailleurs à propos de PJ Harvey, le morceau "Wedding
Dress" ne dénoterait pas sur un album de la belle
anglaise avec son rythme de basse métronomique et entêtant
au service d'une mélodie sombre ... On peut légitimement
penser aussi à Nick Cave tout comme sur le blues déjanté
de "Methamphetamine blues".
Changement de décor à nouveau pour l'apaisé
"One hundred days" qui révèle
si besoin était encore les talents de songwriter de Mark
Lanegan en duo avec son compère de longue date Chris
Goss.
Et puisque cet album est aussi un album sinon de duo, qui fait
la part belle aux invités, qui aurait parié 2 kopek
sur le duo avec Izzy Stradlin ayant quand
même à son passif son appartenance aux Gun's
and Roses. Et pourtant il faut bien se rendre à l'évidence,
"Strange religion" est une
ballade irréprochable bougrement émouvante même
si l'on peut y voir (pour les esprits grognons) des ficelles un
peu usées par le temps.
"Sideways in reverse" fait
parler le rocker qui est en chacun de nous et particulièrement
chez Mark Lanegan avec un morceau quasi académique mais qui
ferait pâlir d'envie les Kills
et autres d'jeuns rocker du moment tout comme le "Driving
death valley blues", blues rock crado à la Jon
Spencer. ..
Rien à envier non plus aux bluesmen plus "classiques"
sur "Like little Willie John"
ou encore "Morning Glory Wine",
2 belles pièces de country blues, à faire mourir d'une
cirrhose Calvin Russell.
Un disque un peu fourre tout mais sur lequel il n'y a rien a jeter.
Ce Bubblegum là a du goût et garanti sans colorant
! Et chaque explosion de bulle vous garantira le même plaisir
que la précédente ! Une réussite dont la sortie
estivale ne sera pas, espérons-le, un trop grand handicap.
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