Pour l'entrée en matière de cette soirée au Splendid, je dois bien avouer que la première partie, Frànçois & the Atlas Mountain, m'a laissé un goût d'inachevé.
Impatience de découvrir sur scène la jeune anglaise encensée par nombre de critiques, Anna Calvi
Fausse nonchalence affichée du chanteur François Marry, "Ne vous inquiétez pas, on reste trente minutes… et on vous laisse avec Anna Calvi"?
Titillé par la fin de leur très court set, j'aurais le droit à une session de rattrapage en novembre au Grand Mix pour mieux découvrir le quatuor charentais (du même label que la demoiselle Calvi, Domino).
Noir fait, on perçoit l'arrivée de 3 silhouettes sur une scène que l'on devine sobre, le public gronde doucettement et la formation se place, batteur centré en retrait, percussions/harmonium côté cour.
Anna débute le long solo à la guitare, "Rider to the Sea" au jardin, dans l'obscurité totale… et la lumière la découvre, cheveux stricts en chignon, veste classique, classieuse rouge sang, pantalon jodhpur gris, montée sur des stilettos, elle pourrait paraitre dans un film d'Almodovar telle une matador mais une sévère froideur se dégage de son visage, impression prolongée par sa technicité, virtuosité à la telecaster portée serrée, haute comme un guitariste classique.
Difficile de percevoir le sentiment de la salle, une écoute quasi religieuse s'installe. Bien sûr les compositions ne se prêtent forcément pas à une démonstration ni scénique ni publique : quelques cris d'admiration timides, quelques expressions de corps, de visage qui grimace sur "Desire" par exemple.
Titre qui veut marquer un changement de ton, d'ambiance dans le concert : le fond de décor scène (photo qu'on pourrait imaginer tiré d'un western) alors paré de couleurs froides voire monochromes se charge de rouge. Le final approche pourtant…"The Devil" y trouve son chemin dans le rappel et va presque conclure le set.
Ce sera "Jezebel" pour clore, l'occasion de découvrir la voie claire et presque timide d'Anna Calvi s'adressant au public : "Would you like it in french or english?". Je dois avouer avoir mis quelques temps à me rendre compte qu'on aura eu un peu des deux.
Sa voix puissante, vibrante (qu'elle sait aussi rendre subtile comme sur "I'll be your man") se fera encore entendre sur ce dernier titre.
Sa voix, sa dextérité à la guitare, s'emparant parfois sans doute trop de l'espace qu'elle veut partager avec ses fans au détriment d'une vraie communion... |