Depuis des années, Camille Ballon a joué le rôle d'homme de main pour de nombreux artistes, arrangeur ou musicien. Il se rebaptise aujourd'hui et s'apprête en solo à faire parler sa propre poudre. On annonce la revanche de Tom Fire.
Les hostilités commencent par un instrumental : "45 stories", reggae-dub peu passionnant mais qui aura l'avantage de ne pas rendre l'auditeur méfiant. Puis le disque avance et l'on ne change guère d'atmosphère. Il y a au moins une chose que l'on ne reprochera pas à The Revenge : sa violence.
L'ennui guettera même probablement plutôt celui qui n'est pas, initialement, amateur de ces musiques molles, qui n'a pas pour les petites mélodies mignonnes une certaine appétence. Mais The Revenge ne bousculera personne, n'écorchera aucune oreille.
On est loin du choc espéré, donc, révélation musicale aux allures de déflagration. On n'aura, à vrai dire, même pas ici l'appui de basses profondes et soutenues au fond desquelles on se serait perdu dans les méandres d'un psychédélisme jamaïcain, d'une rythmique à réinventer l'ensorcellement vaudou. Le disque se revendique d'un "dub joué à la bonne vitesse". On pensera peut-être plutôt dans ce registre reggae à d'hypothétiques premières tentatives instrumentales d'un Serge Gainsbourg à jeûn. Peut-être même la présence de Mc Solaar ne suffira-t-elle pas à emballer l'auditeur francophone, quoiqu'il soit indéniable que le vocaliste tire plutôt son épingle du jeu.
Un disque à réserver aux occasions inattentives, petits moments du quotidien où l'on est heureux, tout simplement, de s'offrir la bande orginiale d'une atmosphère jamaïcaine, caribéenne, tropicale, gangsta et vaguement entêtante ; de ces disques qui vous feraient réclamer, de toute urgence, la légalisation du cannabis – rigoureusement indispensable à ce genre d'écoute. |