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René de Obaldia  (Editions Grasset)  octobre 2011

Tous les articles du 21ème siècle consacrés à René de Obaldia, immortel du fait de son élection à l'Académie Française en 1999, ne manquent pas de souligner la verdeur de cet écrivain, poète et romancier né en 1918.

Une verdeur due sinon à une philosophie de la vie, encore qu'est décelable derrière des confidences distillées au compte-gouttes, une certaine attirance pour les philosophies extrême-orientales, du moins à une conformation de l'esprit qui tient, d'une part, à un sens de l'humour toujours en éveil, un humour facétieux qui joue avec esprit des finesses et des richesses de la langue française.

Et, d'autre part, à une solide ténacité face aux vicissitudes de la vie ce qui ne l'empêche pas de traverser des moments de tension et de dépression qu'il traite par la plume.

En 1993, cet homme pudique cédait à la pression d'écrire ses mémoires en contournant l'obstacle, toujours avec malice, prenant le contrepied d'un exercice qui s'accommodait mal de sa réticence à se raconter, avec cette "Exobiographie", faisant en 2011 l'objet d'une nouvelle édition "augmentée".

Tournée vers les autres, ceux qui avaient croisé sa vie de façon plus ou moins prégnante, et sur son enfance, elle façonne son portrait en creux, dont les complètements sont à débusquer dans l'oeuvre d'un homme préoccupé par le tragique de la condition humaine qui révèle son côté espagnol, "faire rire mais sur un fond tragique", et dont la lecture est souvent jubilatoire tant les événements retracés paraissent ressortir au roman d'aventures.

Une des grandes forces de René de Obaldia réside sans doute dans le fait qu'il traverse la vie comme dans un songe ("Oui, ce sentiment permanent, non seulement de l'incongruité de l'existence, mais aussi d'y être bizarrement étranger") mais avec une grande ténacité d'autant que sa naissance et sa survie furent pour le moins inespérées : enfant non désiré - sa mère lui assènera à l'envi la liste interminable de ses manoeuvres abortives - il naît dans un pitoyable état physique et doit son salut aux soins constants d'un médecin suédois et d'une nourrice chinoise.

Dans ses mémoires, René de Obaldia raconte, en premier lieu, à la manière épique des grands noms du Siècle d'or espagnol, sa généalogie qui, depuis le 12ème siècle, avec de lointaines ascendances paternelles basco-navarraise et gallo-romaine du côté maternel, ne manque ni de panache ni de péripéties rocambolesques à faire pâlir de jalousie les imaginatifs feuilletonistes du 19ème siècle.

Tout commence avec Domingo Blas de Obaldia parti jouer les conquistadors dans le Nouveau Monde qui, après une terrible traversée, "hirsute parmi les hirsutes, plus salé qu'un hareng salé, fleurant le scorbut" s'échoue à Panama, globalement un marais putride au climat épouvantable, pour y devenir exportateur de bananes et de noix de coco et y faire souche.

Un de ses fils deviendra gouverneur du Panama et président de la Colombie, le second éleveur de bovins sera le père du général José Clemente de Obaldia, leader des conservateurs armé d'un grand courage face à l'ennemi qui le rendit manchot mais qui a peur des souris au point de veiller la nuit révolver au point tout en imitant, à fins dissuasives, le miaulement d'un chat, dont le fils sera le père de René de Obaldia.

Cela donne déjà une petite idée du récit jubilatoire qui sort de la plume féconde de ce dernier. Mais ce n'est pas fini car le papa de René, jeune étudiant panaméen à Paris tombe amoureux de Madeleine, la future maman de René, une blonde aux yeux bleus, fille d'institutrice et d'un caissier principal au magasin du Printemps, qu'il épouse et emmène à Hong Kong où il est nommé consul du Panama, Argentine, Brésil, Guatemala, Pérou et Portugal et où il disparaitra sans état d'âme pour sa petite famille.

Voilà donc une hérédité bien singulière pour René de Obaldia qui ne fait que naître à Hong Kong puisque le consul disparu, mère et enfants repartent pour la France. Placé en nourrice chez de braves ouvriers de Chelles, puis dans la Somme chez sa grand-mère maternelle, il raconte une enfance dans les années 20 scandée par la corvée d'eau et le catéchisme avec les plaisirs du cirque qui permet de découvrir l'homme le plus fort du monde, de raconter l'histoire sur-réaliste de Elsa la femme-canon et d'éprouver ses premiers émois amoureux devant les beaux yeux, et le reste de sa cousine Simone Roussel, qui contient déjà en germe celle qui deviendra Michèle Morgan.

René de Obaldia raconte également les horreurs de la guerre et comment prisonnier en Silésie il invente les courses de poux. A sa libération commence sa vie d'homme et sur sa vie privée, le lecteur restera sur sa faim. Tout au plus apprendra-t-il, au détour d'un chapitre, que René de Obaldia convola deux fois en justes noces.

Une vie modeste de poète puis d'écrivain avec son "entrée" en littérature ("à l'époque du nouveau roman son grand prêtre se réclamait de l'école du regard. J'inclinais pour l'école de l'oreille voire l'école du nez voulant signifie ironiquement mon scepticisme à l'égard de toute théorie") et sa participation aux agapes de l'esprit grâce au Centre culturel de Royaumont "à cette époque la télévision n'avait pas encore fait son apparition. C'est dire que des milliers de citoyens ne se trouvaient pas réduits en esclavage".

Puis vient le théâtre, avec des pièces toujours bien accueillies tant par la critique que par le public si ce n'est la méprise initiale avec "Le satyre de la Villette" et il consacre de nombreux chapitres à ses relations avec Michel Simon qui fut l'interprète de sa pièce "Du vent dans les branches de sassafras" et dans le privé "grand prêtre de l'érotisme". Le "Théâtre complet" de René de Obaldia en 1 volume vient d'être publié aux mêmes Editions Grasset.

Ces mémoires, ordonnancées de manière thématique et non strictement chronologique, sont parsemées d'histoires et anecdotes qui constituent d'étonnantes ruptures drolatiques ou dramatiques.

Ainsi le lecteur découvrira le chacal pourpre du désert de Gobi, l'existence de la grande comédienne Lila Plombière, les aventures du panaméen Gomez Figuerola chargé du recensement d'une population indienne qui revient de son expédition obsédé sexuel doublé d'un maniaque du quantitatif ce qui le mène tout droit dans un asile d'aliénés et l'histoire épouvantable du canal de Suez, la 8ème merveille du monde.

"Le 1er janvier 1880 à Panama, sous les applaudissements de la foule et des hautes autorités, Tototte, fille de Ferdinand de Lesseps, donna le premier coup de pioche (une pioche miniature) pour l'inauguration des travaux du canal interocéanique ; cet ange de sept printemps sonnait du coup la mort de 28 000 hommes, la ruine de milliers de Français - petits porteurs aux grandes espérances - et déclenchait une tempête politique sans précédent, la fuite en Angleterre de Cornélius Hertz et le suicide du baron Jacques de Reinach."

Suivant scrupuleusement l'avis que lui avait donné Pierre-Aimé Touchard, qui fut administrateur de la Comédie Française, qui lui avait dit "Voyez-vous, Obaldia, l'essentiel, c'est de durer. Conseil précieux que je me suis efforcé de suivre jusqu'à ce jour", Obaldia sait qu'un jour, il lui faudra remettre son épée d'immortel au fourreau.

Aussi clôt-il cet opus par plusieurs scénarios possibles qui constituent autant d'opportunités à laisser vagabonder sa plume du côté du burlesque en attendant que le Rossignol de Gloire se pose sur son épaule.

 

MM         
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