Pourquoi faut-il toujours commencer par le début ? Serions-nous condamner à présenter le 21ème festival des Oreilles en Pointe par sa soirée d'ouverture, sa programmation, son histoire et sa géographie ? Ne tenterions-nous pas de conserver un peu de mystère pour la semaine prochaine, en plongeant aujourd'hui tête baissée sur une soirée focus du festival ? Allez, une fois n'est pas coutume, sortons des sentiers battus ! Rendons hommage au festival en portant au pinacle un beau coup d'éclat. Oui, démarrons par un éclat…
Un éclat de rire ! On ne pouvait espérer meilleur début à une fin de dimanche après-midi de Novembre ! Comme la sœur Anne ils n'avaient rien vu venir, ils sont du clan des Miros… Il aura suffi de deux clowns posés là, pour que se déchire sous ce rire communicatif, le voile de buée, cette sorte de nuée, et se révèle à nous l'incroyable : trois copains qui se marrent comme des gamins. Un canapé, quelques tables, quelques centaines d'invités dans les fauteuils, on est bien ici chez toi Benoit ! Renan pouffe, Alexis sourit. Le décor est posé, le public est conquis. Marrons-nous les poteaux !
Et puis… que fait-on d'autre une fois réunis entre frangins ? On discute, on se raconte, on échange les guitares, les chansons et on laisse le temps se faire oublier. On se recrée un entre soi, un nouvel ordre de valeurs. Parmi les trois, l'un est très célèbre, l'autre un peu moins, le dernier pas plus. Et alors ? Entre amis on est connu de ceux qu'on aime et c'est tout ce qui compte, le reste n'est que futilité. Alors nous partagerons tout, le gâteau de papy, les histoires de nos femmes – autostoppeuse pour Nantes, conductrice du samedi soir, voisines et gothique adepte de la scarification faciale – et surtout la scène… Benoit-Alexis-Renan, Renan-Alexis, Alexis tout seul, Alexis-Benoit, Renan tout seul, Benoit-Renan, Benoit tout seul, Renan-Alexis-Benoit… Une valse à trois temps incroyable.
Alexis-Renan-Benoit. Alexis a cette verve unique qui rend envoûtant les mots qu'il assemble avec une jouissance irrésistible. Renan affiche cette simplicité tendre qui, alliée à une finesse juste et pleine d'humour, distille une humanité rassurante. Benoit a cette euphorie qu'il partage, et des mélodies et des textes, plein son appartement. Ce jeune homme qui écrit faux et qui chante de la main gauche, vient du cirque nous chante Renan. C'est en effet un sacré phénomène de foire. Combien d'auteurs ont écrit comme lui une chanson pour Renaud, qui en retour le produit tandis que "jeunesse se passe" ? Autant qu'il y a de femmes à barbe et de géants de quatre mètres en voyage de noce… Ça se compte sur les doigts d'une main gauche…
Si, à l'instar de ses compères, Benoit n'a pas l'âme d'un sioux, nous admirons sa plume, tantôt tranchante et acide, tantôt se faisant caresse sucrée. Ce n'est pas la loose Benoit et même si Alexis est Ronchonchon, ne fuguons pas pour autant, ou alors juste le temps de laisser Renan se prendre pour Elvis, seul en scène, observant le blues de ses voisines par la fenêtre en face… On est prêt à tout entre copains… On s'entraide, on s'épaule. Les uns chantent les titres de l'autre. L'autre ressort une vielle chanson inédite de l'un. Le troisième se jette à l'eau et présente un nouveau morceau aux deux autres, qui se lanceront à leur tour.
Le temps est oublié. C'est gagné ! Nous sommes tous assis dans le même canapé, participant avec plaisir aux échanges. Qui a parlé de concert ? Non, nous sommes entre nous, tranquilles. Si la police arrive, précisez bien que nous sommes justes entre copains. Une fête privée en quelques sortes, un apéro de fin de week-end. Et puis si c'était un concert, il y aurait plein de monde… Vous voyez bien que nous sommes seuls, seuls à trois cents…
C'est simplement une fin de dimanche entre potes : quelques tubes – "La lettre", "C'que t'es belle", "Rien à te mettre" –, quelques calembours, quelques frissons… C'est ainsi parfois… On se retrouve bien simplement et on passe un moment authentique d'exception, au-dessus du quotidien, au-dessus de la grisaille que produit d'ordinaire le star-système. Un moment de spectacle tellement vivant, qu'on en oublie qu'il est spectacle. Merci à Benoit, Renan et Alexis pour cette invitation ! Une petite révélation culturelle cette fin de week-end ! Quelle subversion l'amitié : un dimanche après-midi passé tous ensemble… dans une salle de spectacle… et sans télévision… Quelle révolution ! Mais pour autant, voyez Monsieur Drucker, on ne fait rien de mal. On est juste une bande de jeunes à nous tous seuls, on s'fend la gueule !
- Comment cela a-t-il donc fini ?
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Et bien… par Le clan des Miro.
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Mais ce n'était pas le début ?
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Si, éclats de rire en moins, nous finissons avec le début. C'est éclatant !
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Alors c'est fini ?
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Non ce n'est qu'un début… la semaine prochaine nous parlerons du démarrage du festival des Oreilles en pointe 2011.
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Et pas de la fin ?
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Si… mais il faut bien un début… quelle question ! |