The Horrors était mon groupe de lycée puisque j'associe systématiquement une année de ma vie avec un groupe (2008 était l'année de Sufjan Stevens, 2010 celle de Bill Callahan...). Le premier album (Strange House) marquait également mes débuts en tant que pseudo-chroniqueur musical. J'avais dû acheter le cd moi-même le jour de la sortie et j'avais même loupé un cours de littérature allemande pour ça. Ma chronique était nulle mais le disque était génial.
A l'époque j'avais tenté de retranscrire l'atmosphère de l'album en parlant de "gibbons psychotiques" et de "train fantôme". Ayant depuis (très légèrement) mûri, je dirais que ce disque se caractérisait par une noirceur épaisse, suant la peur et l'angoisse à tel point qu'il en était difficile à écouter d'une traite. Le disque parlait de Jack l'éventreur et coïncidait parfaitement avec ma fascination émergente pour les serial killers. Bref, The Horrors était un peu mon groupe (je leur avais envoyé un mail Myspace, auquel ils avaient d'ailleurs répondu, alors que leur album n'était pas encore sorti et que les seules chansons en écoute étaient des démos toutes crades laissant présager des chansons exceptionnelles).
Bref, ma déception fut grande lorsque je vis le grand public s'emparer du groupe et de l'agiter un peu partout comme une découverte brillante. The Horrors étaient devenus hype. Leur deuxième album tentait de se débarrasser de l'étiquette en noyant les échos garage sous des tonnes de reverb et de delay. Une fois de plus tout le monde trouvait ça génial et pour la première fois, je commençais à en vouloir aux Horrors et à les considérer comme "un groupe de merde". Le troisième album s'étant fait plus discret au niveau de la promotion, je décidais néanmoins de leur accorder une dernière chance.
Ce qui explique pourquoi malgré mes réticences je me suis retrouvé gelé devant la porte du Grand Mix, un soir de décembre, pour aller voir par moi-même à quoi ressemblaient The Horrors en 2011.
Je ne m'étendrais pas sur la première partie puisque l'on m'a trop souvent reproché d'être négatif et méchant sans véritable raison mais disons simplement que jamais un concert ne m'a aussi peu intéressé (et pourtant Dieu sait qu'en terme de première partie, j'ai pu assister à des choses effroyables).
The Horrors donc. Visuellement parlant, le groupe a énormément changé depuis leur début crypto garage. Seul le claviériste a conservé son look de scientifique nazi. Les autres ressemblent juste un groupe normal. Au niveau du son, The Horrors se sont visiblement découvert une passion pour My Bloody Valentine et Spectrum, à défaut d'évoquer les Mummies ou les Seeds (ce pourquoi je les aimais au lycée d'ailleurs). Orientation plus expérimentale donc. Le problème est que dans le genre The Horrors ne vont pas assez loin.
Premièrement, l'utilisation de clavier aux sonorités années 80 me foutra toujours la gerbe et je ne comprendrais jamais qui a subitement décidé que cela sonnait "psychédélique" (voir le dernier album d'Animal Collective). Deuxièmement, le groupe s'acharne à vouloir mêler cet aspect avec un aspect plus commercial. Le propos est donc nuancé et je n'aime pas ça. Je n'aime pas les gens qui font des concessions. Pourtant, je me fais piéger et me surprends plusieurs fois à apprécier ce que j'entends. Mais cela le temps d'un pont ou d'un refrain. Il y a derrière les nouvelles chansons des Horrors une sorte d'ironie que je ne suis pas sûr de piger et cela m'énerve. Le concert est très court (un tout petit peu plus d'une heure au maximum) et le groupe joue beaucoup top fort (même pour moi qui suit pourtant assez peu frileux dans ce domaine).
Le groupe a également décidé de ne jouer aucune chanson de son premier album et je n'aime pas les groupes qui renient leur passé dans le but de paraître plus matures. C'est une manière de dire "attention, nous sommes sérieux maintenant" et je ne supporte pas ça. Il y a de la condescendance là-dedans, et du mépris aussi. Ou peut-être est-ce juste moi qui ne supporte pas de voir mon adolescence post-rebelle s'éloigner. |