Récital lyrique conçu, mis en scène et interprété par Michel Fau accompagné au piano par Mathieu El Fassi.
Après avoir exaucé au Théâtre du Rond Point son rêve de meneuse de revue et artiste de music hall avec "L'impardonnable revue pathétique et dégradante de Monsieur Fau", le voici sur le plateau nu du compassé Théâtre des Bouffes du Nord, décor en lui-même, qui lui offre un sublime écrin.
Avec ce "Récital emphatique" qui restera dans les annales, Michel Fau propose aux spectateurs de suivre les fantaisies d'une diva aussi improbable que flamboyante qui les invite à partager sa passion du théâtre et son amour de l'opéra et du chant lyrique.
Comédien exceptionnel et atypique au sommet de son art, Michel Fau a construit ce personnage extravagant, nourri des postures de piètre cantatrice castafioresque et de consternante tragédienne déclamante, qui lui sert de viatique pour embrasser tous les registres et toutes les disciplines, de la tragédie antique à l'opéra-bouffe, et relever tous les défis.
Ceux qui l'ont vu interpréter une mélodie sacrée de Jules Massenet, "Souvenez-vous, Vierge Marie!", dans la lecture musicale de la nouvelle de Guy de Maupassant, "Le rosier de Madame Husson" au Théâtre National de l'Odéon savent que tout lui est possible.
Mais point ne faut se tromper : il s'agit bien d'un hommage parodique au théâtre avec cette virtuosité qui consiste à jouer et déjouer les codes théâtraux, du théâtre baroque à l'Actor's Studio, sur la fameuse tirade lyrique de la "Vénus toute entière à sa proie attachée" de la scène 3 du premier acte de "Phèdre" de Racine et interpréter "la petite" dans un pastiche durassien écrit par Roland Menou.
De théâtre encore est-il question quand, érotiquement emperruqué, superbement fardé, tout de rose et mauve voiles vêtu et globes mammaires protubérants en obus de canon, il exécute en introduction aux extraits de l'opéra "Samson et Dalila" de Camille Saint-Saens qui suivront, et en la réinventant, une lascive et drolissime danse des sept voiles revisitée par Isadora Duncan digne des plus grands péplums.
Accompagné par Mathieu El Fassi, imperturbable au piano, qu'il campe une prima donna de la vieille garde opératique aux irrésistibles postures ou une meneuse de revue des années 50 sur le retour en fourreau strassé aussi instable sur ses chaussures à plate-forme que pour sa voix pour dispenser "Summertime" de George Gershwin ou faire dans "la chanson engagée qui parle de la fracture sociale" avec le tube "Je veux" de Zaz, Michel Fau, toujours sur le fil du rasoir en funambule génial, laisse libre cours à son penchant pour la démesure et le grotesque.
Avec ce spectacle jubilatoire, et d'une certaine manière subversif, Michel Fau réinvente, transcende, sublime quelques icônes féminines qui ont jalonné le 20ème siècle et dynamite autant les certitudes que les postures artistiques avec un humour roboratif à pleurer de rire. |