L'impression furieuse de recevoir un James Brown juvénile et furieux en pleine face, déboulant et électrisé – vous donnera certainement "Blues Hand Me Down", ouverture racée et irréprochable de ces Bomb Shelter Sessions.
Premier album des bien nommés Vintage Trouble. Et la poudre parle, effectivement. Avalanche d'explosions. Terré dans l'abri, trépignant de l'impatience d'une revanche, trépidante. C'est frénétique, inquiétant comme le rock'n roll le plus sensuel, le rythm'n blues le plus colérique, la soul la plus charnelle. Douce possession black-musicale, entre gospel et exorcisme.
On pense encore à : Otis Redding (surtout à Otis Redding !) ; aux Creedence Clearwater Revival, dont le blues du bayou s'approchait parfois de ces lamentations cotonnières ; plus récemment à The Heavy, qui avaient réussi pareille résurrection musicale, quoiqu'en n'allant pas si loin dans l'écorchure d'une âme chaude et sucrée.
La voix et le charisme de Ty Taylor, chanteur et leader du quartet, ne sont pas pour rien dans la force de ce premier album et il semble que l'on ait trouvé un nouveau nom à suivre. Ajoutons que l'édition bonus de l'album vous offrira un second disque de cinq pistes, prolongeant tout le plaisir de l'album avec live, prises alternatives et un titre inédit, et l'on aura assez gagé du sérieux de l'entreprise.
Restera à reconnaître que tout n'est pas également incontournable dans cette collection de titres et que la formation pèche surtout par excès de jeunesse, n'ayant pas encore composé son "Suzie Q", son "Sex Machine". Mais c'est bien là le reproche essentiel que l'on pourra lui adresser et l'on attendra, avec une patience sereine, les prochains opus, aussi bien que l'opportunité d'aller danser et transpirer devant une scène où le groupe se produira. Et, qui sait, peut-être y rencontrera-t-on une fille avec qui danser un slow, yeux dans les yeux, l'amour au cœur et le diable au corps ? |