C'est en terrain connu que Birdy Nam Nam a fait son show ce mardi ; les quatre DJs sont familiers de l'Aéronef, et leur public les attendait au tournant.
En est pour preuve l'excitation qui allait grandissante dans la salle que Jackson & his computer band chauffait en solo sur la scène, devant sa table de mixage. Un set classique qui aura très bien rempli sa fonction, mais les quatre platines vides à l'arrière narguaient bien trop les spectateurs : place au stade supérieur.
Installation de Crazy B, Little Mike, DJ Need et DJ Pone sur le fond immense de leur dernière pochette d'album, Defiant Order, éclairée de lasers verts psychédéliques. Bien trop hâtif celui qui en conclura que le concert se résumera à une présentation promotionnelle, il s'agit plutôt d'une nouvelle pierre à l'édifice dont le groupe nous promet un tour complet.
"Notre nouveau live est un grand voyage", expliquait DJ Pone. Un voyage initiatique, pourrait-on dire. Là où le novice se sent déstabilisé d'un tel impact sonore, et le confirmé allume en hâte un joint, histoire de planer plus vite, plus fort.
Les quatre membres du groupe maîtrisent parfaitement leur affaire : c'est là du rythme électro torturé qu'ils proposent, dans sa manipulation la plus aboutie. Les samples de voix artificielles se fondent aux scratches torturés, toujours plus vite, toujours plus fort. Leur but ? Faire lâcher prise. Difficile en effet de résister à ce son puissance cent décibels, face auquel il ne peut être qu'évident de s'abandonner, de se laisser aller.
Au fur et à mesure du concert, l'électricité monte, le public s'anime, encouragé par les artistes : "Du bruit, Lille, du bruit !". Ca pogote, ça fume, ça gueule, ça se lâche oubliant l'espace d'une soirée qui on est, d'où on vient, ce qu'on fout là. Se laisser envahir par le bruit et planer, c'est tout ce qui compte à l'instant présent.
Les impros côtoient les hits, le tout sur une lumière synchronisée, agressive, épileptique : le visuel est en totale symbiose avec un rythme de plus en plus intense, toujours pour sublimer l'hypnose. De l'énergie à l'état pur, difficilement canalisée à l'issue du concert par un rappel qui, loin de calmer les âmes pour les redescendre sur terre, offrira au public un dernier envol.
"J'suis complètement défoncé", s'exclamait un spectateur à la sortie de la salle. Que ce soit par les hématomes, les vapeurs, les flashes ou les décibels, chacun aura eu sa dose, ne pensant qu'à une seule chose : à quand la prochaine ? |