La musique du multi-instrumentiste Messin Chapelier Fou (alias Louis Warinsky) est faite de boucles, de liés et de déliés. Sa musique est l’eau qui fait le torrent de nos émotions, une invitation au voyage, à la recherche de ce qui est invisible, caché, de ces choses discrètes, petit jeu de piste sonore. Chapelier fou a encore perfectionné et ouvert son écriture depuis son premier album, 613, sa collaboration en studio et sur scène avec Matt Eliott de The Third Eye Fondation y étant peut-être aussi pour quelque chose.
Le jeu est au centre de ce disque, retrouver le son qui comme un fil conducteur traverse chaque titre, écouter chaque boucle et en deviner son long développement, découvrir la provenance d’un son, détricoter chaque mélodie… La musique de Chapelier Fou s’écoute au casque, avec attention car elle se révèle comme un bon vin, avec tous ses arômes. Elle nécessite une écoute introspective car elle est truffée de détails, de signes, pour en apprécier aussi le véritable travail sur les éclairages, sur la mutation et sur la synthèse sonore.
Un artisan du son, comme un scientifique qui s’amuserait à triturer, malaxer chaque son, assembler les formes, ses instruments (claviers, violon…) se transformant en tube à essai. Mais attention sa musique reste totalement humaine, poétique et onirique ! Et de la poésie, il y en a tout au long du disque avec des titres comme "Cyclope & Othello", le superbe "Fritz Lang", "L’eau qui dort" ou "Le tricot", parfois plus sombre comme le canon "Moth, Flame" (avec Matt Elliott) ou plus pop et mystérieux "Vessel Arches" (avec Gérald Kurdian de This Is The Hello Monster !) ou le choral "Protest".
Chapelier fou préfère la créativité à une virtuosité, sa musique en un long clair obscur fait parti simplement de ce que l’on a entendu de plus profond et touchant en ce moment. |