La nuit tombe. Pas un bruit. Juste un léger souffle de vent. J'ai envie de jouer sur cette terre inconnue. Et tandis que je tâte ce chemin sinueux, des voyageurs s'avancent à dos d'âne. Ils s'approchent. Un étrange gamin me fixe d'un regard sévère, à croire qu'il a déjà perdu sa candeur. Sur lui, Nirvana n'est pas fétiche, non... Plutô(n)t Jupiter, Saturne, Mercure... Un homme, de dos, le suit. Il se laisse porter basculant çà et là. Je décide de les accompagner, emplies de questions. Suis-je encore sur Terre ? Mais pourquoi donc Jocari ? Le nom me frappe. Tout paraît si sombre. Explorer un ailleurs ? The Vanishing Grace.
Comme une invitation au silence, ce nouvel album de Fabien Larvaron me fige. J'ai envie d'entendre le moindre de ses détails, observer avec attention le mystère qui s'y dégage. J'y devine ses gestes, ses respirations... Il est seul et pourtant il occupe l'espace de sa guitare acoustique fragile et de sa voix envoûtante. Jocari me fait penser à une grande dégringolade vers la tristesse.
"First Christmas without you" ouvre l'univers. Et malgré cette musique teintée d'espoir et ce "No reason to be sad", j'ai l'impression d'entrer dans un monde fantomatique. D'abord dans la nature... A l'écoute de "Prairie sounds", ma mémoire auditive me revient enfin. Mais oui ! Cela me fait tellement penser à la voix d'Elliott Smith. Puis dans cette étrange usine... "The sleep factory". Le son des cordes paraît sonner le tic-tac d'une horloge à jamais ancrée dans les murs. Les voix paraissent aériennes telles des... fantômes. "The world is a sleep factory". La folk y reste cependant chaude et intriguante. L'album se clôt sur un ténébreux : "For further information". Comme un adieu à ce monde. Il n'y aura pas de happy end.
Jocari est peut-être cette invitation à regarder la face cachée du monde, plus sombre. Je vous conseille de faire ce voyage en compagnie du voyageur solitaire. N'ayez crainte, vous en reviendrez indemne, juste transformé. |