Comédie écrite et mise en scène par Alexis Michalik, avec Amaury de Crayencour, Evelyne El Garby Klai, Magali Gnoud, Eric Herson-Macarel et Régis Vallée.
Qu’est-ce qu’une histoire, qu’est-ce que l’Histoire ? Et comment la raconter, la faire vivre, la transmettre ? Quelle est la part factuelle et purement imaginaire dans la trame de nos vies ?
Autant de questions qui sont évoquées dans "Le Porteur d’histoire" d’Alexis Michalik, véritable feuilleton littéraire, dans la lignée des écrits romanesque d’un Dumas, où le spectateur est emporté tambour battant dans un entremêlement de scènes et de récits qui le tiennent en haleine jusqu’au dénouement final.
Tout commence par un banal fait divers relaté dans un journal - la mystérieuse disparition de deux femmes au cœur du désert algérien - et l’histoire encore plus banale de Martin Martin, perdu sur une route pluvieuse des Ardennes pour enterrer son père qu’il n’a plus vu depuis 10 ans.
Quel est le rapport entre ces deux anecdotes ? Comment va-t-on plonger à partir de ces faits dans l’Histoire et croiser entre autres Eugène Delacroix ou Marie-Antoinette ?
Alexis Michalik ouvre les différents tiroirs narratifs de son récit, tour à tour conte poétique ou roman de gare, film d’action ou manuel d’histoire-géographie, imbriquant habilement les trouvailles de mise en scène pour donner une grande fluidité à l’ensemble.
On alterne ainsi les époques, les continents, les personnages, les narrateurs et les styles, sans à coup, avec aisance, et sans temps mort, grâce à une patte toute cinématographique, moderne, vivante, même si l’histoire se perd parfois dans des détours abracadabrantesques.
Sur un plateau presque nu, quelques tabourets, un grand tableau noir, des craies et un portique sont les seuls outils présents pour les cinq comédiens qui enfilent leurs costumes comme leurs personnages, à vue et avec une étonnante facilité.
Eric Herson-Macarel est, entre autre, le porteur d’histoire, époustouflant de conviction et de naturel, tout comme ses quatre compagnons de scène, Amaury de Crayencour, Evelyne El Garby Klai, Magali Genoud et Régis Vallée qui se livrent tous sans exception à une brillante prestation, donnant vie aux multiples protagonistes de cette intrigue haletante.
La musique originale de Manuel Peskine et les éclairages pertinents d’Anaïs Souquet contribuent à transporter le spectateur.
Un grand moment de théâtre donc, assez jubilatoire, et un coup de maître pour Alexis Michalik, qui signe ici sa première pièce en tant qu’auteur et confirme les talents de metteur en scène qu’on lui avait déjà remarqué avec la Compagnie Los Figaros. |