C'est devant un foule clairsemée, avec tout de même quelques campeurs au pied de la scène, que la surprise de la soirée entame un set on ne peut plus musclé. Narco Terror (subdivision de Narrow Terrence) subjugue le public, et par là même votre serviteur, avec un son compact, lourd et une rapidité d'exécution fulgurante. Le duo guitare, batterie-chant, joue vite et fort. Si l'on ajoute à cela les hurlements d'Antoine derrière ses fûts en guise de chant, on a l'assurance de ne pas être déçu. Le propos est metal, on pense à Primus pour une ambiance légèrement extravagante, voire baroque. La voix cassée rappelle Tom Waits, la guitare elle est un savant mélange de maçonnerie et de mélodie. Bref, les deux frères ont écouté, digéré la musique des vingt dernières années et la régurgitation est plaisante et pleine d'intelligence. Leur set est très souvent bon, jouissif le reste du temps. Ce groupe mérite une attention particulière, l'incubation est à suivre absolument.
Wovenhand revient jouer en terre parisienne, et son public est venu nombreux. Après une mise en place longue, des chants amérindiens viennent poser l'ambiance avant l'arrivée du groupe de Denver. Après un incident technique (la peau de la grosse caisse rompt aux premiers assauts d'Ordy Garrison), le concert commence sur les chapeaux de roue, et l'on prend conscience du changement de direction opéré sur le dernier album.
Déjà David Eugene Edwards a repris la station debout, ce qui accentue son charisme et sa présence scénique. Son corps filiforme, affublé d'un chapeau et le visage discrètement peinturé, soulignent le coté magique, éthéré du personnage.
Grand nombre de titres de The Laughing Stalk seront joués ce soir, certainement pour que les nouveaux membres du groupe acquièrent leur place aux yeux du public.
Pascal Humbert a laissé la place de bassiste à Gregory Garcia Jr, plus discret mais dont le jeu précis ajoute un côté terrien à la prestation. Pas facile de prendre la place du bassiste français, mais il s'en tire avec les honneurs.
Chuck French, quant à lui, vient parfaire la place des guitares au sein de la formation et appuie les changements de direction que l'on perçoit sur le dernier album. Wovenhand jouera aussi quelques titres d'albums précédents, hypnotisant un peu plus un public déjà sous le charme ("Speaking Hands" et "Sinking Hands" magiques entre autres).
Le volume sonore est élevé, certaines personnes s'en feront la remarque à la sortie de la salle. Seul bémol, le jeu de lumière un tant soit peu outrancier, en décalage avec la sobriété du quatuor américain.
Le set se terminera par un rappel, trop court pour certains, qui tant bien que mal essaieront de faire revenir les musiciens sur scène, pour faire durer ce moment magique. Le groupe a légèrement perdu de son côté "chamanique" et incantatoire pour laisser la place à des moments plus binaires, plus rocks. |