Martha Wainwright sort un nouvel album Come home to Mama. Martha, en digne fille de Loudon Wainwright et de Kate McGarrigle, sait chanter et à gagner l'art de la composition de la chanson pop folk à téter le biberon.
Accompagnatrice hors pair de son frère, le facétieux Rufus Wainwright, Martha a une aisance absolument fabuleuse dans le chant, une facilité qui lui joue parfois des tours, à trop se complaire dans la performance vocale, elle n'entraîne plus grand monde à sa suite. Après il y en a d'autres qui par des voltiges vocales et autres masturbations de la glotte arrivent à un certain succès, mais ce n'est pas le lieu pour se moquer.
Le troisième album de Martha, seulement le troisième… On se surprend à trouver ça peu. Elle a acquis sur scène une reconnaissance assez immédiate et des collaborations avec Gordon Gano ou Snow Patrol lui ont déjà fait gagner une stature. Elle n'avait pas non plus démérité dans un album de reprises de chansons françaises : Piaf, Barbara. C'est peut-être elle qui a donné l'idée à Iggy Pop. On est en droit de se demander si ça intéresse le public d'avoir les versions inintelligibles des grands standards français… disons certaines phrases plutôt inintelligibles.
Come home to Mama est un titre d'album à plusieurs entrées : Martha a perdu sa mère et a donné naissance à son bébé à un an d'intervalle en 2009 et 2010. Come home to mama est tiré du titre "Proserpina" écrit par sa mère Kate McGarrigle, une chanson qu'elles ont eu l'occasion d'interpréter ensemble et qui figure sur l'album. Deux mères. La fille perd sa mère et devient mère. Jeu de doubles (Rufus aussi est devenu père d'ailleurs pour rester dans les anecdotes familiales).
Des titres pleins de fougues, de combativité, des émotions crues, ce à quoi Martha nous a toujours habitués. Ce disque est infusé de lyrisme et de mélancolie sur le parcours de la vie avec ses cycles, ses saisons, ses alternances usantes. Un album de belle facture où tout sonne juste, qui respire les grandes salles ou les auditoriums où le public est assis dans des fauteuils rouges épais. Autre image de la matrice, du ventre fertile. Tiens, oui, à creuser quand on construit de nos jours des salles avec des lamelles hérissées, des angles aigus pour favoriser l'acoustique de la salle.
On va donc laisser le coton des intonations de Marta Wainwright et recommander cette artiste plus proche de Barbra Streisand que de Lady Gaga.
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