Si Mister booggie a mis quatorze années pour faire éclore un sixième album éponyme, c'est peut-être qu'il lui fallait un temps de couvaison nécessairement long. Si Mister Boogaerts a pris ce temps, c'est peut-être qu'il n'était pas aisé de nous amener dans son intimité, l'intimité de sa création. Si Mathieu Boogaerts s'est mis à nu, c'est peut être qu'il était prêt, libre.
Peut-être ? Peut-être ! Pourquoi pas ?
Et quand bien même mes propos seraient dénués de sens, c'est bel et bien là, nu, que Mathieu Boogaerts est revenu, sous les projecteurs, dans un clip nature, végétal.
- Comment tu t'appelles ?
Mathieu Boogaerts, vraiment ! Certains diraient qu'il fait de la chanson française. C'est vrai. Certains, même, ajouteraient qu'il pratique le minimalisme. C'est vrai. Il n'est pas de ceux qui font des fioritures de mots et de sons. Mais minimaliste ça veut dire simplet ? Ça veut dire paresseux ? Ce serait réducteur. Si je devais décrire Mathieu Boogaerts, je dirais qu'il a ce génie de poser le trait musical, simple et juste, substantifique moelle pour dessiner la chanson. Il me fait penser à ces dessinateurs, ces peintres, qui concentrent le sens en un seul geste.
- Retrouver
son rire de gosse.
Contempler un album de Mathieu Boogaerts, ça donne toujours le sourire. Le rire d'un gosse. A l'intérieur, les paroles, les mots choux, les mots toits, les mots trompettes, les mots sirènes et des tas de Mathieu crayonnés nous sautent au visage.
- Ca m'étonne.
Et me voilà en train de décortiquer l'album. Enfin, pas de le déplumer, pas de l'effeuiller mais juste de le ré-écouter, le ré-ré-écouter. Et ça m'étonne de retrouver mes habitudes, mes marques. J'écoute cet album comme on vivrait un moment de déjà-vu, comme on visite déjà un lieu connu. Une sorte de résonance, propre à Mister Mathieu, se diffuse à chaque morceau. Ces moments chaloupés. Ces moments aériens. Ces moments de douce mélancolie. Et ça m'étonne d'être toujours aussi touchée par cette simplicité. Les sujets, le verbe ne sont pas ampoulés, ne cherchent pas à échafauder des constructions compliquées. Ce sont des images, des mots colorées, un peu enfantins. "Petit a, petit b" incarne pourtant la jalousie entre les hommes, "Paloma" la jalousie du couple. "Je sais" est la chanson d'amour préférée de son auteur. Quant à "Avant que je m'ennuie", plus explicite, ma préférée, cherche à attiser le feu. Et ça m'étonne de faire coïncider si fort des atmosphères si gaies à des thèmes parfois si lourds.
- Une bonne nouvelle.
Si je devais annoncer le sixième album de Mathieu Boogaerts, je dirai que c'est une bonne nouvelle, pas de - petit a à petit b mais de petit a à petit z. Mais comment t'as fait hein ? Mathieu ? Tant par les mots que par le texte, tant par les enchaînements que par les mélodies. Le tout m'a émue de tous petits riens. |