L’automne est rude et ce n’est pas la fréquentation des salles en cette soirée du 13 novembre qui nous fera mentir. C’est fort dommage car le Glazart nous offre une belle affiche avec la promesse de nous réchauffer les tympans.
Nous débutons la soirée de façon très éclectique avec le one man band, Lewis Floyd Henry, situé à mi-chemin entre Jimi Hendrix et Dred Scott, artiste hip-hop des années 90.
Le londonien plante le décor d’entrée de jeu : il est seul en scène avec sa guitare et une micro batterie à ses pieds. Derrière lui, un ampli d’on ne sait quelle marque posé sur un chariot sortit d’on ne sait quel supermarché du Bronx.
Destroy est le mot qu’il convient d’employer pour ce personnage haut en couleur et sa musique bricolée : entre le rock garage, le punk, la country et le blues, il nous emmène assez loin dans son délire parfumé de milles influences. Les riffs sont percutants même si la plupart de ses morceaux totalement décousus nous déroutent. Derrière un talent très brut et l’originalité des compositions, se cache une personnalité intrigante, presque autistique. Quelques fausses notes s’échappent mais ce n’est pas ça l’important.
L’artiste semble plutôt heureux de jouer devant 10 personnes et finalement, nous aussi de faire partie du petit groupe de privilégiés à avoir profité de son show.
La soirée se poursuit avec un Mardi Gras Brass Band plutôt massif. Mis à part les échos positifs que j’avais eu via la presse spécialisée, je ne connaissais pas grand chose de ce big band venu d’Allemagne. A l’occasion de la sortie de leur nouvel opus Crime Story Tapes, c’est chose faite.
Ecumant les salles depuis près d’une vingtaine d’années, les deux membres fondateurs du groupe, Doc Wenz et le Révérend Krug, ne sont pourtant pas novices en la matière !
Rétros juste ce qu’il faut sur la forme et résolument modernes sur le fond, il est difficile de ressortir de leurs griffes intacte.
D’un point de vue visuel, ils approchent la perfection : la beauté des cuivres est mise en valeur par les lumières, les costards nous immergent dans une autre époque : queue de pie, haut de forme et bretelles tiennent le devant de la scène.
Le carnaval le plus côté de l’état de Louisiane en trame de fond, les 9 membres de l’orchestre, eux, tiennent leur rôle sans se prendre au sérieux. Sans compter sur le charisme du facétieux crooner, Doc Wenz, qui glisse une petite histoire sombre tirée de son carnet de notes noir, entre chaque morceau.
DJ Mahmut, lui, trouve parfaitement sa place derrière les platines, au milieu des 8 musiciens et contribue à l’originalité de ce brass band notamment sur le titre phare "Hop Sing Song".
Ça swingue dans tous les sens, disséminant vitamine C et bonne humeur à tous les étages, en passant du jazz sautillant de la Nouvelle-Orléans au swamp des bayous, du rock à la soul saupoudrée de funk.
Enthousiaste, sans conteste, tout comme les spectateurs certes peu nombreux mais qui n’attendent pas longtemps avant de transformer la fosse en piste de danse.
Le brass band nous gratifie d’une reprise de Donovan avec un "Mellow Yellow" à la hauteur de l’original et conclut en apothéose le set au milieu de l’auditoire.
Il ne manquait finalement que les micros têtes de mort pour parachever cette superbe prestation visuelle et sonore.
Nos yeux et nos oreilles en redemandent : c’est pile poil ce qu’il fallait à l’approche d’un hiver rigoureux !
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