C'est la seconde date de concert en France pour les mythiques Apartments sur cette tournée française 2012. Il y a d'abord eu Allones, près du Mans, "Un concert où le public était très sage" confiera Amanda Brown. Puis en ce lundi soir, le tant attendu concert aux Bouffes du Nord.
Il y aura aussi eu avant cela deux showcases parisiens, un électrique à la galerie W, rue Lepic en bas de la butte Montmartre, sous le regard des femmes dessinées au pochoir par Miss. Tic, l'autre acoustique à la boutique French Touche.
Le concert aux Bouffes du Nord s'annonce déjà comme un moment privilégié, comme une date immanquable, comme un concert d'exception en compagnie de ces Apartments qui ne sont pas venus jouer sous ce nom en France depuis 1994. Cette tournée, mise sur rails par Emmanuel Tellier, ancien journaliste aux Inrockuptibles ou à Télérama, mais aussi chanteur des 49 Swimming Pools, a été financé via le site participatif Ulule.
En quelques jours, le montant demandé pour faire venir d'Australie Peter Milton Walsh et Amanda Brown, de feu les Go Betweens, sera largement dépassé. Peter Milton Walsh ne croyait pas cela possible, Emmanuel Tellier l'espérait, le public silencieusement l'attendait.
La balance prend un peu de retard, les gens se pressent dans le tout petit escalier des Bouffes du Nord, prêts à envahir la salle.
On le sait, la salle en rond est splendide, mais on y est assis et les meilleures places, en face et en bas, seront prises d'assaut.
Les 49 Swimming Pools entrent en scène. Leur pop a été biberonnée à la new wave vaporeuse, londonienne et écossaise, des années 80. On y retrouve le sens de la mélodie évidente et le goût pour les beautiful losers, le plaisir de perdre avec élégance. Émouvantes ambitieuses ou délicates, les chansons de 49 Swimming Pool préparent de la plus belle manière qui soit le public au retour du héros.
Peter Milton Walsh, en costume sombre, lunettes de soleil et cheveux ébouriffés ressemble au Dylan des années 90. Sur scène, il est accompagné d'Amanda Brown, de Nick Allum, ancien batteur des Fatima Mansions, de deux membres des 49 Swimming Pools, Fabien Tessier et Samuel Léger, aux claviers et à la basse, d'un second guitariste en la personne de Wayne Connolly et d'un trompettiste, Gaël. Derrière la scène, un écran sur lequel défilent les images de Jean Seberg, comme sur l'affiche de ce French Tour 2012.
C'est vrai que la musique de Peter Milton Walsh est cinématographique, et bouleversante comme le destin de l'actrice américaine.
Le public applaudit mais le calme revient dès les premières notes. Attentifs, concentrés, les spectateurs semblent à peine se soucier des problèmes de son sur les premiers morceaux. Les yeux se ferment pour écouter la pop mélancolique des Apartments. La bande-son se déroule, non sans quelques accrocs comme dans tout bon film noir, un ampli poussé trop fort, un problème de guitare.
Les titres incontournables issus des albums Drift, The Evening Visits et A life full of farewells, s'enchaînent tels que "Mr. Somewhere", "Everyday will be new", ou encore "The goodbye train". Pour le dernier morceau en date édité par Peter Milton Walsh, "Black Ribbons", le duo tourangeau Grisbi, qui a participé à l'enregistrement, rejoint les sept musiciens déjà présents pour une version délicate chanté en duo avec Natasha Penot.
Certes, le concert des Apartments n'était pas dénué de petites erreurs, de quelques plantages, mais peu importait. C'était même le meilleur moyen pour ne pas être submergé par l'émotion, de toucher le ciel tout en gardant les pieds sur terre. La prestation élégante des 49 Swimming Pools et les refrains des Apartments servis dans l'écrin précieux des Bouffes du Nord ont laissé un goût de magie à ceux qui ont eu la chance d'être présents. Standing ovation. |