"Si le monde est tordu, que la politesse vous rend dingue, si les fleurs ne marchent plus, dites-le avec des flingues, j’ai retrouvé ma bonne humeur : j’ai acheté un fusil", Benjamin Paulin, L’Homme Moderne, cynique philosophe du 21ème siècle.
2012, printemps, 2, le même ? A première vue, non, toujours cette dégaine de dandy fifties, un vrai-faux profil de petit frère de Marc Lavoine, une voix veloutée et profonde, mais pas trop (sinon c’est lui qui aurait doublé Scar, Tony Montana et Dark Vador…). Peut-être un peu moins joyeux que le premier album.
10 nouveaux titres tendrement cyniques, dont ce que j’appellerai un compliment à toutes les "moi" de la terre. Je m’explique, vous savez, ces femmes qui matraquent les pages de toutes les revues (du petit programme télé au grand mensuel de psychologie magazine), les affiches publicitaires (de la crème de foie gras de canard au porto à la lingerie en 4 par 3 dans les arrêts de bus), enfin partout quoi ces femmes parfaites qui nous font acheter des cosmétiques et des formules miracles hors de prix, qui nous font passer des heures dans la salle de bain, pour finalement en ressortir avec les cheveux gras d’y avoir appliqué trop d’après-bidule, la peau rougie d’avoir trop gommé, les cernes verdâtres parce qu’on n’a pas la technique pour appliquer cette foutue crème…
Bref, Benjamin Paulin est heureux de vous annoncer officiellement que le naturel est profitable à la beauté (ou un truc dans le genre) puisque "Les fleurs en plastiques sont éternelles", ben oui, faux seins, faux ongles, faux sentiments… Merci ! J’y repenserais quand j’aurai encore raté ma pose de faux cils.
Cet album semblait donc plus triste que le précédent, non madame, que nenni ! Il reste dans la même verve, on retrouve avec délices cette patte d’acier dans ce gant de velours. Sans être identique au précédent, il se détache par un calme plus apparent, des thèmes plus sombres, mais traités avec le même cynisme.
L’amour terminé sera donc à "entourer à la craie", comme une scène de crime non élucidée. Les fantômes du couple passé, de la femme partie sont comme des "Produits dérivés" meublant la maison sans sa présence. "Tout m’est égal" est plus joyeux, plus vitaminé, plus L’homme moderne… Et puisque faire la liste des instruments utilisés me parait aussi inutile que de décrire le crayon à papier avec lequel Molière a écrit Tartuffe, je n’en ferais pas la liste.
Seulement vous dire que c’est de la chanson française, à texte, que ça passe tout seul, que ça meuble le salon d’une parole moderne sur un air nostalgique. Peut-être un peu plus triste ? Il affirme lui-même avoir retenu sa mélancolie sur le précédent album… Celui-ci lui ressemble plus, et ça me convient. Pas de morale, pas de portée sociale, juste des mots tendres sur nos travers et nos défauts, décrits à la perfection. 35 petites minutes qui laissent un peu sur leur faim, mais qui donnent envie de voir après. |