Réalisé par Abel Ferrara. Etats-Unis/France/Suisse. Drame. 1h22. (Sortie 19 décembre 2012). Avec
Willem Dafoe et Shanyn Leigh.
Pour ceux qui sont convaincus que le monde s’arrêtera vendredi 21 décembre 2012 à 0 h 38, le film d’Abel Ferrara, "4 h 44, dernier jour sur terre" tombe à pic.
En suivant Willem Dafoe évoluer mélancoliquement dans un New York nocturne, où tout semble saisi d’une torpeur mystérieuse, ils auront matière à réfléchir une dernière fois à leur humaine condition. Ils en tireront quelques conseils pour profiter de leurs derniers instants, pour savoir comment les meubler, leur donner une dimension métaphysique, un contenu esthétique et, finalement, pour bien mourir…
Qu’ils ne s’attendent pas à une leçon goguenarde pleine de cynisme. Abel Ferrara n’est plus le provocateur que l’on a connu et ne partage pas les idées nauséabondes et nietzschéennes de Lars Von Trier sur la fin du monde dans "Melancholia".
Lui, imbibé aujourd’hui de bouddhisme, recommande que l’on fasse l’amour, que l’on dise au revoir aux amis, que l’on affirme à ses proches qu’envers et contre tout on les a aimés. Il s’attache à suivre la jeune Skye en train de balbutier une dernière œuvre, même si la trace qu’elle laisse sur le sol n’est visiblement pas à la hauteur de l’événement à venir…
Il s’interroge avec Cisco sur comment mourir : faut-il prendre de quoi s’envoler ailleurs dans un ultime trip alors que l’on avait renoncé au voyage chimique ou rester lucide jusqu’au bout, pour savourer l’ultime moment sereinement main dans la main avec l’être aimé ?
Pas la peine d’être grand clerc pour imaginer la solution que choisira un Willem Dafoe, double d’Abel Ferrara, qui promène sur l’écran un visage beaucoup plus apaisé que par le passé.
On pourra regretter le Ferrara déjanté d’antan mais, grâce à "4 h 44, dernier jour sur terre", on constatera que son cinéma reste épatant même s’il est contrôlé négatif en soufflant dans un éthylotest ou en faisant pipi dans un flacon.
Si la fin du monde a des ratés, ou qu’elle est reportée à quelques degrés supplémentaires de réchauffement climatique, on prendra peut-être encore plus de plaisir à le voir après le vendredi 21 décembre 2012.
Longue vie à tous, et bon film donc… |