Voilà qui ressemble fort à la bande originale d’une longue et belle histoire d’amour : un souffle, une brise, des épis de blés qui ondulent dans la chaleur de l’été, des étoiles à la surface de l’eau, de la brume matinale… Un rêve donc qui a pour identité une certaine Maissiat, et un premier album Tropiques.
Une ancienne de Subway, une pote à Katel, une grande enfant à la poésie magique et insouciante. Malgré la coiffure Playmobil et le profil sévère, Maissiat a la voix douce et posée, et un piano omniprésent. Pas de guitare, pas de batterie, rien que du pianartistiquement cosy. Intime et douillet, cet album construit un univers proche de l’enchantement. Il fut un temps où on t’aurait brûlée pour moins que ça, Amandine (son prénom dans la vie) ! Parce que les chœurs, les voix envolées, les ronds dans l’eau et les rimes sont l’apanage des filles de Baalzebub. Pour le peu qu’elles soient rousses, jolies, vivant chez un chat (noir de préférence) et hop ! Au bûcher !
Mais nous n’en sommes plus là, enfin je crois… Maissiat a toujours eu envie de faire de la musique son métier, d’en faire un vrai métier je veux dire. Mais elle ne s’arrête pas là, en plus de musique, elle joue tellement facilement avec les mots qu’ils semblent être une ligne de notes supplémentaire. Il va sans dire que les figures de styles n’ont plus de secret pour elle, tous les mots sont bons à prendre !
J’aime bien dire que les sonorités françaises font penser à des cailloux qu’on lancerait au fond d’un puits, ce qui n’est pas musicalement du plus bel effet. Maissiat, elle, réussit à transformer le gaulois en caresse, une belle prouesse !
Personnellement, je n’ai jamais compris comment désynchroniser ses mains pour jouer du piano, de même comment décoller ce foutu petit doigt désespérément accolé à mon annulaire pour aller chercher la petite touche noire tout là-bas. Il faut croire que son karma est plus élevé que le mien pour y arriver aussi bien.
Maissiat "rêve que l’on écoute son album comme si on ouvrait la malle d’un voyageur exilé". Non, ce n’est pas ce que j’ai fait, je rentrais du boulot, il faisait déjà nuit, j’ai mécaniquement offert cet album à mon vieux mange-cd et je me suis lassée tomber dans le canapé. Et je suis partie, exilée sous les tropiques, entourée d’animaux sauvages et farouches, camouflés entre les plantes exotiques, le sable sous mes pieds et le vent dans mes cheveux. Personne pour me demander, nul mêle-brin ni fouille-crotte, nul râleur ni mécontent… Du bon, du beau, du bio à méditer. Une parenthèse bien trop courte.
Des envies d’ailleurs ? Maissiat ! De l’élégance ? Maissiat ! Du mélancolique triste-beau jamais déprime ? Maissiat ? Du romantique ? Maissiat ! Séduisant, enivrant, magique, ensorcelant, fleuri, diaphane : les qualificatifs se disputent ses honneurs… |