Il était charmant ce concert de Villagers, au final.
Une première partie ? Ah oui, c'est vrai, comme si tout bon moment avait son prix que l'on doit payer. Ce soir, il avait pour nom Luke Sital-Singh, jeune londonien sans intérêt. Un garçon, une chemise (et un pantalon, sinon gageons que notre jugement eut un peu différé), une guitare et des chansons d'amour. Romantisme FM, soit. Au suivant.
Le suivant c'est donc Villagers, groupe de l'irlandais Conor O'Brien, à la pop-folk très mélodieuse et douce. Sur la scène du Grand Mix ils sont cinq à défendre le dernier album {Awayland}. Bon, les quatre musiciens qui l'accompagnent font un peu de la figuration, il faut bien le reconnaître, pendant la majeure partie du concert. Tout repose sur les frêles épaules de hobbit et sur l'énergie enrhumée mais persistante du jeune homme.
Il défend son bout de gras de sa voix juvénile qui vient un peu du fond, sur des airs lumineux, finement ciselés et des textes pas dénués de vécu. Presque tout le nouvel album y passe, ainsi que les meilleurs titres du précédent Becoming a jackal, et même, personne n'est parfait, un titre écrit pour Charlotte Gainsbourg : "Memoir".
Bizarrement après l'entrain du début ça se déroule un peu, ça berce, il y a un relief qui manque (souvenir d'un concert de Beirut ici même, il y a quelques années qui avait ce goût-là). C'est bien, vraiment, mais pourquoi ne pas aller au bar boire de la bonne bière, plutôt ? Conscience professionnelle oblige, on tient bon. Et on est récompensés : les trois derniers titres explosent. Une version étonnamment douce du génial "Becoming a jackal", suivi par le tubesque "The waves", qui commence sur des pointillés d'écume morse pour s'écraser sur les rochers, comme ce concert qu'on a vu se profiler de loin, sans déplaisir, mais tellement mieux quand il éclabousse. Et puis enfin "Ship of Promises" (par lequel on a personnellement découvert Villagers, et immédiatement affectionné, jolie boucle bouclée ici). Le groupe fait cohésion enfin, la guitare électrique miaule et saute presque sur les baffles. Les morceaux font peau neuve, ça éclos, c'est l'éclate.
Les trois rappels nous déposent en douceur de ce petit vol accompagné. Pour finir par un à-propos "On a sunlit stage" et on sera reconnaissant à Conor O'Brien pour ces petites allusions à eux sur scène et nous dans le public, à plusieurs reprises dans les textes de ses chansons légèrement arrangées pour l'occasion. Une petite connivence qui fait aussi mise à distance de l'événement. Comme on le regarde, lui aussi nous regarde, on se sera approché mutuellement, et ses petits airs qui font mouche rentreront avec nous.
Oui, charmant concert. |