Textes de Raymond Devos interprétés par Jean-Claude Dreyfus dans une mise en scène de Christophe Correia et accompagné au piano par Thomas Février.
Devos, c'est Raymond Devos, clown tragique au gros ventre en complet veston bleu et humoriste, amateur de jeux de mots et auteur de sketches métaphysico-absurdes devenus cultes mais aussi mime, musicien et prestidigitateur, au répertoire et à l'univers unique resté sans descendance.
Dreyfus, c'est Jean-Claude Dreyfus, comédien, chanteur, auteur et metteur en scène, un comédien "hénaurme" à la stature imposante, à la voix de stentor, à la faconde irrésistible et au coeur gros comme ça, un comédien hors du commun et sans rival.
Et pourtant, "Dreyfus-Devos" ce n'est pas le choc des titans mais l'hommage du premier au second qui s'entend comme une performance, registre dans lequel Jean-Claude Dreyfus excelle (tel "Le mardi à Monoprix"), par laquelle le comédien transcende un personnage fut-il réel.
En compagnie de son complice musical habituel, le pianiste Thomas Février qui joue le rôle du clown blanc, en l'espèce souffre-douleur de l'artiste, et sous la direction de Christophe Correia qui le connaît bien pour l'avoir dirigé dans "Réception" de Serge Valletti, Jean-Claude Dreyfus, cheveux tirés en chignon à la japonaise et tenue de zazou, sumo du verbe, est un magistral Auguste devossien.
Avec "D'hommage sans interdit(s)", qui picore dans le répertoire de l'humoriste en évitant les blockbusters, il pratique l'évocation, à la façon du haïku, et reprend à son compte les fulgurances du maître comme des partitions dramaturgiques dans un spectacle qui tient du cabaret au sens noble du terme avec ses apartés, ses chansons et ses numéros de magie.
C'est magique, sensible et jubilatoire. |