Le fil ténu entre le rock qui a la classe et celui
qui sent la sueur...
The Soundtrack Of Our Lives, c’est
ce groupe suédois qui assure sur scène de façon
démoniaque : le son est énorme, tout est parfaitement
en place, les deux guitaristes sont géniaux, la rythmique,
irréprochable et le chanteur, un gros hippie viking, a la
voix la plus magnifique qui soit, avec un registre qui va du falsetto
à la basse profonde. Pourtant...
Musicalement, imaginez 1968-1972, quand le psyché pop-rock
délirant des clubs londonniens se transforme lentement mais
inexorablement en hard prog satisfait qui remplit les stades.
Et le concert au Nouveau Casino recréait un peu cette crise
: le groupe commence parfaitement par des morceaux superbes, mélange
de la puissance et de la mélodie des Who
ou des Small Faces époque fin
des années 60. Le chanteur roule des yeux de fou et prend
des allures chamaniques, le guitariste de gauche saute comme Pete
Townshend, l’autre a la classe et l’allure déjantée
de T Rex ou de
Keith Richards.
Puis, au fur et à mesure du concert, ce joyeux délire
sympathique s’enlise ; le groupe commence à y croire,
les compos deviennent prétentieuses et on termine avec des
morceaux étirés en longueur autour d’un pauvre
riff stonien ou des ballades avec piano gluant qu’on imagine
bien à Bercy dans une ambiance à la Queen, avec lightshows
et feux d’artifices.
Artifices, justement... Ce groupe est bien meilleur dans son inoccence
première. C’était amusant de le voir recréer
devant nous cette belle faille entre les innocentes années
60 et les arrogantes années 70, quand les groupes ne vivaient
plus que sur leur réputation et leur bedaine pleine de champagne.
La salle était pleine de suédois bourrés,
eux, à la bière. On sait s’amuser en Scandinavie.
A se demander si on n’avait pas continué depuis 1970
à écouter Led Zep sans
complexe dans les stades de Stockholm et qu’ils trouvent tout
naturel que la mode les rattrappe aujourd’hui...
Alors bon ou mauvais concert ? Bon : un grand, gros groupe de scène...
avec un mauvais arrière-goût final et pas vraiment
l’envie de les revoir ni d’écouter leurs disques.
Dernier point intéressant : la collections de guitares vintage,
mieux que tous les magasins de Pigalle réunis. (Ca explique
peut-être pourquoi les frères Gallagher
adorent The Soundtrack Of Our Lives...).. Ma préférence
va à une belle Les Paul sunburst comme on n’en voit
plus sur scène depuis la retraite de Jimmy
Page.
En première partie, Les Parisians,
les petits chéris de la scène rock parisienne, s’en
sont bien tirés. Avec leur mélange de Libertines,
de Heartbreakers et de Stooges,
avec leurs belles gueules, leur look cool et le jeu de scène
qui assure, ils ont de quoi aller loin (surtout si leur manager
veut bien leur payer un accordeur et une guitare de rechange...).
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