Prenez d'un côté un film culte de 1927, de l'autre, mettez l'un des artistes musicaux les plus novateurs de ces dernières années. Mélangez le tout dans une salle qui aime les expériences inédites et vous obtiendrez une originale séance de ciné-concert. 60 minutes de musique live pour sonoriser un magnifique film muet. Voici donc The Unknown de Tod Browning mis en musique par Rodolphe Burger.
La salle est pleine jusqu'aux strapontins quand Rodolphe Burger arrive sur scène en silence. Il s'assied devant son matériel et le film commence. Le début de l'expérience est difficile : c'est très électronique et certains samples redondants s'avérent plutôt génants. Il faut également choisir de se concentrer sur le film en oubliant que la musique est jouée live, juste là devant les premiers rangs.
Pour ceux qui ne connaissent pas l'oeuvre de Tod Browning, The Unknown est l'un de ses nombreux chefs-d'oeuvre. A l'instar de Freaks, son film le plus célèbre (et qui s'en est largement inspiré), The Unknown place l'intrigue dans un cirque peuplé de personnages étranges et où Alonzo, l'homme sans bras, joué avec subtilité par son acteur fétiche et habitué de rôles difficiles, Lon Chaney, fera tout pour obtenir l'amour de la belle Nanon, effrayée par les mains des hommes.
C'est un bel exercice pour Rodolphe Burger et même s'il faut attendre une dizaine de minutes assez lassantes, la mayonnaise prend et la puissance que donne la musique au film est éclatante (en particulier dans les scènes de combat où la guitare distordue apparaît comme la meilleure bande son possible).
Pendant toute la dernière partie du film, les samples laissent leur place à la guitare et c'est un véritable mur de son qui s'abat dans le Grand Logis et qui s'allie au stupéfiant jeu d'acteur de Lon Chaney pour subjuguer le public.
Une magnifique expérience qui ne demande qu'à être renouvelée avec un tel mélange d'artistes : à quand Mogwai jouant sur The Unholy Three ou Flotation Toy Warning sur The Black Bird ?
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