Sincèrement, je n’attendais plus grand-chose de Vampire Weekend. Leur premier disque éponyme sorti en 2008 était une merveille de ce que l’on a appelé Upper West Side Soweto, genre attribué à la base à Paul Simon et qui faisait se mélanger brillamment musique / rythmique sud-africaine et pop new-yorkaise, tout en y ajoutant un côté plutôt intellectuel et arty.
Contra, sorti deux ans plus tard, avait enfoncé le clou mais montrait aussi les limites d’un groupe tournant sur lui-même. Aussi bon qu’il puisse être, le disque fut vite oublié. Pourtant, de ce Contra se dégageaient quelques titres, à la composition différente, moins purement pop, plus racée.
C’est de ce terreau qu’a poussé Modern Vampires of the City. Le groupe a en effet très largement élargi sa palette sonore. Surtout Vampire Weekend remodèle son univers, le densifie au contact d’autres influences. Plus sombre, plus profond, plus rock, plus R’N’B aussi, les new-yorkais ont changé de visage et gagné en maturité. Plus organique, plus labyrinthique, le groupe serpente entre les genres, les tempi, joue à un jeu de fausses pistes sonores, emmené par la voix, placée très en avant et le sourire aux lèvres, rempli d’ironie d’Ezra Koening.
Il n’y a pas que des petites bombes pop dans ce disque car comme la brume qui envahit New-York sur la pochette du disque, c’est aussi un voile de nostalgie, de gravité qui englobe ce disque, comme sur l’envoûtant "Step", "Obvious Bicycle", "Hannah Hunt" ou le glacial "Hudson". Le cliché qui illustre ce Modern Vampires of the City n’est pas anodin, La photo a été prise le 24 novembre 1966. Ce jour-là, 169 personnes mouraient à cause d'un nuage de pollution. Ce nouvel opus est aussi l’occasion pour Vampire Weekend de s’émanciper de la pop, de chercher une nouvelle modernité, d’expérimenter : de nouveaux sons de claviers, retravail en post production de la voix et de la rythmiques sons samplés… de quoi les éloigner de l’Afrique du Sud pour les rapprocher de leur ville natale : New-York. |