Dominique Pinto alias Dom La Nena ("la petite") n'a que vingt trois ans. Elle en paraît moins encore. Brésilienne de naissance, elle a également vécu en Argentine, avant de s'installer à Paris, pour continuer d'y étudier le violoncelle. Ela est son premier album. Une collection de vignettes indolentes empreintes de joie légère et de saudade, réalisée main dans la main avec Piers Faccini, mentor éclairé.
Ela fait partie de ces albums généreux, précieux, parfaits, de ces instants certainement impossibles à renouveler sur commande, qui offrent un monde, une plongée parfaite dans l'esprit, l'âme, le cœur, d'un artiste. Un arrière-goût de confidence, plus que de création. Un album comme une de photographies jaunies, retrouvée par hasard. Comme la mémoire elle-même, vacillante, d'un été lointain. Une chaleur. Un amour. Ailleurs.
La voix de Dom La Nena n'est qu'un filet léger, les musiques et les arrangements magnifiques et subtils n'en troublent pas le cours. Ici, nulle affectation musicienne. On chante et on joue comme on murmure ses confidences à la fin d'un après-midi trop chaud, une épaule tiède en guise d'oreiller, les yeux perdus, à travers la fenêtre ouverte, dans un ciel dont on sait qu'on ne le reverra plus. Une brise, légère, caresse les fragments de peau que le drap blanc, léger, sous lequel on a blotti son amour laisse dépasser. On sera parti, bientôt. Que reste-t-il à chanter ? |