A l’heure où les cerveaux ramollis se font griller les fesses sous des soleils généreux et où les addicts ne lâchent plus leurs appareils "connectés", cet essai arrive à point nommé : La condition Numérique par Jean-François Fogel et Bruno Patino. Ils sont respectivement concepteur et développeur du site Le Monde.fr, et responsable des programmes et du développement numérique de France Télévisions. Pour faire court, ils en connaissent un rayon sur le numérique et la "révolution Internet".
Si on utilise la métaphore animale, l’utilisateur est à la fois "l’objet et le sujet de ses actions", c’est-à-dire que l’internaute qui fait des actions qu’il pense contrôler est en réalité une fourmi alimentant d’immenses bases de données, le classant dans les alvéoles de la ruche, la ruche étant elle-même un genre d’over système produisant des données qu’elle reverse sur les fourmis. Miam, c’est bon le miel, mais ça colle, et le sucre rend accro… dépendance au réseau. Damned !
Le réseau se détache des formes de communication traditionnelles en ce qu’il rend l’utilisateur acteur, producteur d’information, réécriveur d’histoire en rébus et flux minimalistes, les échanges sont souvent brefs, courts et immédiats. Impatients. "Le tweet est au texte ce que l’haïku est à la poésie : une expression trop succincte pour vous satisfaire pleinement mais qui rend toutes les autres trop bavardes". Bien dit n’est-ce pas ?
Et même si le tweet est pour les narcissiques et Facebook pour les exhibitionnistes, ils sont là, faisons avec ces miroirs sociaux qui fait naître une forme nouvelle de la condition humaine : le tout (ou un truc dans le genre). Autrement dit, Jean-François Fogel et Bruno Patino redéfinissent la société sous le prisme de la généralisation des réseaux.
L’essai est clair, la plume aiguisée et sans concession. Entre philosophie et psychologie, en passant par le croisement de données mathématiques et statistiques, les auteurs signent un brillant essai à propos de la condition numérique en général et des humains en particulier. Passionnant. |