"Le fric, c’est chic, freak out !", qui n’a jamais chanté ça, en regardant le loto ou en prenant sa douche ? Moins facile pourtant de rendre sa paternité au titre. Il s’agit de Nile Rodgers, guitariste du groupe Chic, roi du disco funk depuis toujours. Non, il n’est pas mort, mais le temps est venu pour lui d’écrire sa biographie, avant que quelqu’un s’en empare et raconte n’importe quoi… C’est Chic.
"Destin, drogues, disco" sont les maîtres mots du roman. Des parents junkies, de sa dégaine d’adolescent maigrichon à lunettes, et de la musique partout, depuis très tôt jusque maintenant encore. Nile Rodgers grandit au fil des rencontres pas toujours fréquentables, il innove avec cette guitare particulière qui fait ce dzouing dzouing identifiable entre tous : le son funk qu’il arrange à toutes les sauces. Avec Bernard Edwards, autre génie de la musique, ils créent tubes sur tubes, ces sons à emporter partout, pour danser d’abord, mais aussi pour faire la fête et tout ce qui va avec (y compris drogues et alcool).
"Oui, les drogues et l’alcool ont été présents pendant une grande période de ma vie adulte. Je les aimais. Ils ont bien failli me tuer. Mais je n’aurai pas pu y arriver sans eux. C’est aussi simple que ça". S’il n’avait pas eu la drogue, Nile Rodgers n’aurait probablement jamais surmonté sa timidité maladive, il aurait été un autre homme, peut-être aussi talentueux, mais pas forcément. Il l’avoue sans honte, comme un fait accompli. Et si c’était à refaire ?
L’autobiographie se lit plutôt bien, des débuts laborieux, à la gloire avec l’idée de mettre deux jolies nénettes au devant de la scène (ce qui fait vachement plus fantasmer que deux blacks pas sexy), au mouvement Disco Sucks, Chic est passé au travers et a continué son petit bonhomme de chemin. Collaborant avec les plus célèbres (ont-ils seulement eu un seul flop ?), ils ne sont pas mentionnés dans le roman, l’histoire est écrite par les vainqueurs, comme toujours !
Allez, juste pour le plaisir, les plus connus : "Le freak" et "Good times" de Chic, "Upside down" de Diana Ross, "Let’s Dance" de David Bowie, "Like a Virgin" de Madonna et "Get Lucky" de Daft Punk… ne manque plus qu’un duo Pape-Dalaï Lama.
Et puis Nile Rodgers est aussi un musico bien barré, avec le vocabulaire et l’attitude qui vont avec : "j’ai joué les accords du couplet de la chanson et rapidement découvert que si je basculais de l’accord principal vers une progression accord majeur, accord de septième majeur et sixième, la sonorité était plus douce et asiatique [] j’ai inséré le riff de guitare dans l’agencement du groupe". Mis à part que je n’ai pas compris grand-chose à ces parties là, (qui m’ont fait sourire plus qu’autre chose parce que j’ai imaginé sa tête pétillante d’avoir trouvé la perle qui manquait au tout), j’ai compris le génie qui l’habite, le feeling qui le hante depuis le début, lui faisant trouver ce qu’il faut où il faut pour transformer le titre en or.
Bien plus qu’une simple autobiographie, C’est Chic retrace la vie d’un groupe, dans les Etats-Unis racistes des années 70 et 80, à travers des anecdotes, des lieux mythiques, des rencontres et des retours sur image. |