Il y a des disques qui se révèlent la nuit. Permanent Signal, le nouveau disque de Porcelain Raft, en fait assurément partie. La volonté simple de se retrouver seul avec ce genre d’albums qui parle à l’indicible intimité et qui invite à un certain apaisement. Mauro Remiddi, l’homme qui se cache derrière Porcelain Raft, creuse son sillon, affine et affirme un style qui se densifie de disque en disque. Pourtant, ce dernier est né aussi d’une rupture, celle avec le précédent : Strange Weekend. Remiddi a vendu la totalité de ses anciens instruments en échange d’un synthétiseur modulaire.
L'écriture, elle, reste. Elle se nourrit maintenant d’une électro doucement rêveuse et permet au chant de Remiddi de se laisser flotter délicatement, en une subtile langueur. Oui l'écriture reste, en lentes respirations, nous sommes toujours ici aux confins de la dream pop. Elle gagne juste en intensité et en fragilité enfin assumée. On sent également que Mauro Remiddi devient plus ambitieux dans son écriture musicale, sans perdre de vue l’émotion qui semble être le fil conducteur de sa discographie, le musicien continuant de nous prendre aux tripes.
Plus organique, plus consistant, dans sa recherche sonore notamment ("It Ain’t Over" ne déparerait pas dans la discographie des Yeasayer) et reposant plus que sur des refrains et des mélodies aux charmes évidents ("Night Birds", "The Way Out", "I lost Connection", "Minor Pleasure", "Five Minutes From Now"), ce que nombre de groupes se damneraient pour être capables d’écrire, les titres de ce Permanent Signal permettent à la musique de Porcelain Raft, que l’on sent façonnée au plus proche de son être, avec toute la vulnérabilité que cela impose et implique d’éclater au grand jour, tels de véritables hymnes pop.
|