En 1996, les Scud Mountain Boys faisaient paraître, sur le mythique label Sub Pop, l'album Massachusetts. Le NME, dans sa chronique de l'époque, saluait alors "la voix d'or cabossée de Joe Pernice dont chaque mot suinte le regret devant l'échec forcément inévitable". Les ambiances des chansons, les textes du groupe, dans la lignée de combos d'americana comme Wilco, Drive By Truckers ou Son Volt, ne respiraient pas la gaieté, voire renfermaient un soupçon de méchanceté rentrée.
C'est peut-être ce qui explique que le groupe s'était alors séparé, avant de se réunir à nouveau en 2011, presque par hasard, à l'occasion de quelques concerts. C'est long 15 ans, mais les quatre membres originaux du groupe, toujours installés à Northampton, une ville considérée comme un des épicentres de la culture alternative américaine malgré sa taille moyenne, semblent avoir retrouvé leurs instruments là où ils les avaient déposés. On retrouve la douceur maladive, un peu fiévreuse de leurs chansons des années 90. La voix mélancolique de Joe Pernice est toujours aussi cabossée, soutenue par les guitares acoustiques et la pedal steel guitar.
Si l'influence de Johnny Cash est prégnante sur "Drew Got Shot" ou sur "You're mine", les compositions de Joe Pernice, au contact de Norman Blake de Teenage Fanclub avec lequel il tournait sous le nom de The New Mendicants, semblent s'être légèrement ouvertes à la pop. Une pop mélancolique bien entendu, une pop de lendemains de fête cotonneux et d'horizons plombés, mais émouvante comme sur "Double Bed". Quant au thème de Midnight Cowboy à la mandoline (Macadam Cowboy en français, le film désenchanté qui avait révélé Jon Voight), il résume l'esprit du disque, celui de cowboys urbains perdus sous un soleil froid. Un très beau disque.
|