Vous commencez à être lassés par l’influence des années 80’s dans la production musicale actuelle ? Vous développez une allergie aux sonorités synthétiques et robotiques ? Vous êtes au contraire attirés par l’audace, la prise de risque et les productions plus "garage" et psychédéliques ? Vous avez toujours eu un faible pour les ambiances des bandes originales ou la chanson française qui sait se mettre en danger ? Alors jetez une oreille sur Costa Blanca, troisième album des Limiñanas.
Malgré une apparition au générique de la série US Gossip Girl ou un titre composé pour la célèbre marque de vêtements qui met en avant les… couples, les Limiñanas restent quasi inconnus sur notre territoire, à l’exception du micro hit "Je n’aime pas les drogues". Ce groupe, basé à Perpignan, est pourtant suivi assidument par de nombreux afficionados au-delà de nos frontières, en partie grâce à leurs signatures avec des labels indépendants de référence et à leur activisme forcené, mais surtout grâce au talent et aux compositions du couple-duo, Lionel et Marie Limiñana.
On pense immédiatement à Serge Gainsbourg, à la fois pour le parlé-chanté de Lionel dès le morceau d’ouverture "Je me souviens comme si j’y étais", le son de la basse tout droit sorti de "Melody Nelson" et les nombreuses voix féminines qui apportent une touche sexy à l’album ; on n’intitule pas une chanson "BB" par hasard non plus. D’autres titres lorgnent davantage vers les Bandes Originales de films, à l‘instar de "I miei occhi sono i tuoi occhi" ou "Barrio Chino", sur lesquels plane l’ombre d’Ennio Morricone. On pense aussi au Velvet Underground dans leur manière de pervertir des titres comme "Alicante", "La Mercedes de couleur gris métallisé" ou "Cold was the ground" en y insérant soufre et décadence.
Enregistré chez eux, chanté en plusieurs langues (français, anglais et italien), parfois en duo, Costa Blanca ne perd rien en cohérence et fait bloc : les pieds sur terre mais le regard fixé vers l’ailleurs. Résolument moderne donc. |