Tragédie de Jean Anouilh, mise en scène de Marc Paquien, avec Véronique Vella, Bruno Raffaelli, Françoise Gillard, Clotilde de Bayser, Nicolas Lormeau (en alternance Stéphane Varupenne), Benjamin Jungers, Nâzim Boudjenah (en alternance Pierre Hancisse), Marion Malenfant, Laurent Cogez, Carine Goron et Lucas Hérault.
Créée à quelques semaines du Débarquement, "Antigone", la pièce de Jean Anouilh, pose les questions cruciales de l’indépendance, du choix, de l’insoumission et de ses conséquences.
Antigone, princesse de Thèbes, ne se résout pas à la décision de Créon. Celui-ci a condamné son frère, rebelle à sa loi, à ne pas être enseveli, tandis que l’autre a bénéficié de toute la pompe. Alors, de ses doigts, elle va recouvrir la dépouille, bravant ainsi l’édit de Créon. Au bout de ce geste, la mort, inéluctablement.
La prose d’Anouilh, contemporaine, implacable, triviale quand il faut, sans la poésie d’un Giraudoux, avec des règlements de compte politiques, à lire en filigrane, interdit tout effet de mise en scène, celle-ci étant inscrite dans les mots et les situations, devant probablement procurer quelque frustration à celui qui s’y attèle. Marc Paquien a suivi ce fil d’Ariane, avec sobriété et fidélité.
Quant aux comédiens, ils doivent, de même, entrer dans ce moule souple, et Antigone, en petite robe blanche ou en pantalon d’homme, demeure la même : oiseau libre devant la pierre de la fronde.
Antigone, c’est Françoise Gillard, écorchée, vibrante, inspirée, domptée puis envolée, qui ne déçoit pas. A ses côtés, Bruno Raffaeli donne toute l’épaisseur souhaitée à un Créon, homme politique à sales besognes, parfois émouvant dans sa prédestination de bourreau, excellent.
Mention spéciale à la sublime Clotilde de Bayser, le chœur, la Voix, inoubliable comme à chacune de ses apparitions.
Spectacle de bonne facture, cette Antigone tient ses promesses. |