Etrange choix que cet album acoustique, enregistré en live dans le berceau de la musique Country, qui plus est dans la salle mythique de Nashville, The Ryman, durant deux soirs d’avril 2013. Etrange car Band of Horses n’est pas vraiment un groupe adepte d’une électricité débridée mais verse plutôt dans une folk un peu bancale, portée à bout de voix par son leader Ben Bridwell.
C’est tout de même avec entrain et curiosité que je me replonge dans leur univers car je dois admettre humblement que malgré un premier album prometteur en 2006 (le magnifique Everything All the Time), le second m'avait laissé au bord du chemin et je n'ai pas fait d'effort depuis pour raccrocher le wagon de leurs sorties discographiques. C'est donc l'occasion rêvée puisque, après avoir jeté un œil sur la (maigre) setlist, je ne reconnais que deux titres sur les dix morceaux proposés.
Dix titres (piochés équitablement parmi les quatre albums studios du groupe), pas d’inédit, c’est tout de même un peu pingre ! Les groupes s'essayant à l'exercice sont en général plus prolifiques, d’autant que je déplore déjà de grands oubliés ("Our Sword", "The Great Salt Lake") que j’imaginais passer avec aisance la barrière de l’acoustique.
Dès la première écoute, l’excellence du son saute aux oreilles : pas de doute, on est dans une salle à l’acoustique parfaite. "Marry Song" en ouverture donne le ton : la voix éraillée se démarque de l’harmonie des choeurs, les guitares se font discrètes et le piano (très présent sur la majorité des morceaux) fait vite oublier les claviers et présente une relecture intéressante. En revanche, soyons clair, on ne va pas sautiller de joie (même si le public parait conquis - pour les avoir vus en 2006 à la Route du Rock, je leur reconnais un certain charisme).
S’en suit le mollasson "Slow Cruel Hands of Time" (on croirait entendre Murray Head), certes sympathique mais un brin monotone. Il faut attendre l’épuré "Detlef Schrempf" pour frissonner sous les vocalises puissantes (la version acoustique redonne même de la pêche au morceau original !). Chaque titre appelle aussitôt des comparaisons (c’est assez dérangeant) : du Mumford & Sons par ci ("Everything’s Gonna Be Undone", aux variations intéressantes), un peu de Brian Adams par là ("No One’s Gonna Love You"), voire même Crowded House sur le chouette "Factory" (dont le thème est sans nul doute appelé à alimenter la bibliothèque sonore de la prochaine saison de L’Amour est dans le Pré, qui tourne un peu en circuit fermé).
Etrangement, une certaine frustration finit par se dégager de l’ensemble : les morceaux à la construction complexe, sont pourtant bien interprétés, mais on reste un peu sur notre faim avec ce rendu trop propret. Même le sublime "The Funeral" perd ici de sa superbe, la faute à une version sans nuances, dépouillée de ces changements de rythme qui faisaient tout son charme sur album.
On peut s'interroger sur l'intérêt d'un tel disque "live" : obligation contractuelle ? Pur choix artistique ou simple plaisir personnel (j’opterais plutôt pour la dernière option). L’écoute s’achève sur un terne "Neighbor" a cappella, en espérant retrouver bien vite le groupe pour des inédits plus flamboyants. |