Mais qui suis-je pour prétendre écrire une chronique d’un recueil de chroniques d’un chroniqueur autrement plus confirmé que moi ? Nicolas Rey n’est pas un inconnu dans son salon qui raconte la vie des œuvres qui échouent dans sa boîte. De 2000 à 2013, Monsieur Rey a le privilège de poser sa voix sur ses mots et de scander ses tranches de vie sur les ondes. Quel bonheur de dire en lieu et place d’écrire, de quoi placer des rires, des crachotements de colère, des plissements malicieux…
De Zurban (guide chauvino-parisien dont la publication a été arrêtée en 2006) à France Inter (immortelle chaîne de radio généraliste pour intellos), Nicolas Rey ne compte plus les chroniques écrites, mais il aime parfois replonger dans ses archives, comme une bande son de sa vie. C’est dans La Beauté du geste qu’il nous invite à partager ses humeurs.
Il est impertinent, c’est certain, mais son humour sous la ceinture, fait de fellations et de cinq à sept dans des chambres d’hôtel me laissent sceptique. D’autres aimeront ce côté-là. D’autres succomberont à son attitude un tantinet désabusée face aux personnalités rencontrées, parce que personne n’est immortel.
50 chroniques qui rappellent ses autres romans à ses lecteurs (ou qui les font patienter jusqu’au prochain ?), de gueules de bois en petits soucis, de routes traversées de justesse en fille du rendez-vous suivant, de cours de pilates en dimanche soir en pyjama, de vue sur un bar à la caresse d’un main parfaitement manucurée, d’histoires d’amour à plusieurs en clôture escaladée. Nicolas Rey écrit la simplicité que nous sommes et la folie qui nous tente.
"Le fou toujours croira à la sagesse des mots.
Le fou est un voyant qui joue de la musique
Le fou s’en va en dansant, sur le corps du monde.
Il caracole et se moque des années.
Le fou ne vous voit pas mais le fou vous regarde.
Le fou n’a rien à dire mais le dit en chantant." |