Comédie dramatique écrite et mise en scène par Bernard Sinclair, avec Hadi Rassi et Bernard Sinclair.
Que se passe-t-il dans une cellule de prison où deux hommes sont engloutis, séparés de la vie et du monde ?
Un soir comme un autre. Mohammed, jeune revendeur de drogue de banlieue, incarcéré pour deux ans, somnole sur son grabat, entouré de ses amantes dénudées sur papier glacé.
La porte grince. Entre Henri, grand-bourgeois aux cheveux et aux poches - jusque là - argentés, de retour d’" extraction". Le gaz siffle, immatériel. Qui va jeter l’allumette ?
Bernard Sinclair, outre une carrière internationale dans le lyrique, a révélé un talent rare d’acteur, enchaînant les classiques ("Le Cid" de Corneille) ou encore les contemporains (Christian Morel de Sarcus), écrivant ici, avec "Les mouettes d'Etretat", sa première pièce, la mettant en scène et la jouant.
Le résultat est sidérant : les mots claquent, les silhouettes deviennent, en quelques répliques, êtres de chair, de violence et d’humanité blessée, le spectateur, dépouillé de sa cravate et de ses lacets, est jeté au milieu de la cellule, en danger, au plus près, dans ce lieu mythique où le théâtre éclabousse et vivifie, par sa proximité.
Bernard Sinclair bouleverse, élégant et défait, porteur de civilisation trahi par elle-même, livré à l’arbitraire et le dénonçant, porteur d’un secret dangereux, compatissant et léonin.
Face à lui, un autre comédien rare, à la force magnétique, Hadi Rassi, qui ira loin, tâche d’être le bourreau, ce que la société lui laisse comme faux choix de vraie victime, lézardé, limité, démuni de culture, violent par surdité, touchant de disgrâce.
Le choc dérange, au plus profond. La pièce fracture les évidences : c’est profond, subversif et les comédiens la portent avec une vérité extraite des abysses de l’Homme.
A découvrir absolument. |