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Interview  (Paris)  mercredi 19 février 2014

Creepin’ On, les canadiens Timber Timbre reviennent avec un nouvel album : Hot Dreams. Nous avons eu l’occasion de discuter avec Taylor Kirk, le chanteur et Simon Trottier, guitariste et percussionniste. Ils ont répondu à des questions sur leur relation au cinéma, la manière dont ils composent leur musique, leurs dernières chansons ou encore leur image mystérieuse.

Il paraît que votre musique a une certaine relation avec le cinéma. Votre son a été décrit comme "cinématographique" et quelques unes de vos chansons ont été utilisées dans des films ou des séries. Comment pensez-vous que les deux sont connectés ?

Taylor Kirk : J’ai fait une école de cinéma, une école d’art et j’y ai fait des films. J’étais vraiment intéressé par l’idée de devenir un réalisateur. Puis j’étais intéressé par l’idée de devenir un compositeur de musique de films. J’étais assez obsédé par cette idée. Ensuite, j’ai commencé à jouer du rock and roll dans différents groupes et d’une certaine manière, j'ai perdu de vue le cinéma. Mais je pensais que si je devais avoir une carrière musicale, cela devrait être en tant que compositeur, cette école instrumentale. Mais après nous l’avons délaissé un peu... Que dirais-tu ? Parle de nos expériences.

Simon Trottier : On nous a demandé de faire quelques bandes son. Nous avons très vite compris que c’est vraiment difficile de travailler avec les réalisateurs parce qu’ils veulent écouter quelque chose de précis mais ils veulent que le groupe fasse la musique. C’est par conséquent difficile de leur donner ce qu’ils veulent. Nous devions changer notre musique pour que ça marche avec le film, donc je suppose que nous sommes revenus dessus et nous avons fait un nouvel album. (Rires)

J’ai remarqué à plusieurs reprises un lien entre votre musique et David Lynch. Êtes-vous d’accord avec cette association ? Êtes-vous intéressés par ce réalisateur ?

Taylor Kirk : Nous aimons vraiment ce qu’il fait. De bons films : Blue Velvet, Mulholland Drive, et l’autre… Lost Highway. J’aime beaucoup ces films. Je pense qu’il est quelque peu surestimé. Chaque chose, chaque comportement ou tout ce qui est quelque part bizarre ou inquiétant, ou quelque chose qui joue sur l’Americana et qui constitue un détour sur ce qui n’est pas agréable, c’est toujours attribué à David Lynch. Comme si tout ce qui était bizarre, c’était automatiquement Lynch. Alors, parfois je préfère ne pas écouter cette comparaison juste parce que c’est toujours lui. Je ne sais pas.

Simon Trottier : Pensais-tu à quelqu’un d’autre ?

Taylor Kirk : Je ne sais pas… Jodorowsky ou Fellini. Il y a beaucoup de personnes qui ont été, dans le cinéma du moins, des vignettes sur lesquelles Lynch a travaillé. Mais, enfin, cela n’a pas d’importance.

Y a-t-il un autre réalisateur avec lequel vous établiriez un parallèle avec votre musique ?

Simon Trottier : J’aime Jim Jarmusch.

Je l’ai rencontré la semaine dernière, il faisait un concert à Paris.

Simon Trottier : Un concert ? Avec le luthiste, Jozef Van Wissem ? Nous l’avons vu hier à Londres !

Et quels films de Jarmusch aimez-vous ?

Simon Trottier : Down by Law, Broken Flowers, peu de personnes l’ont aimé mais moi j’ai vraiment aimé, Dead Man bien sûr.

Taylor Kirk : J’apprécie vraiment le fait que Jim Jarmusch apporte toujours une musique intéressante et le fait qu’il ait une approche différente vis-à-vis de la musique du film. Ce n’est pas rien. Je pense que c’est très insolite parce qu’il travaille avec. Selon notre expérience, enfin c’est ce que j’ai compris, les réalisateurs embauchent des groupes pour faire la musique et en fin de compte ce qu’ils veulent n’est pas quelque chose que le groupe puisse faire ou que le groupe fasse. Ce que le réalisateur veut, ce sont les clichés typiques du genre cinématographique. Mais Jim Jarmusch est vraiment en avance là-dessus.

Simon Trottier : C'est comme demander à Boris de faire la bande son de Dead Man.

Taylor Kirk : Oui, oui ! Jim Jarmusch, nous l’aimons tous !

Simon Trottier : Il a l’air aimable, en plus, avec ses cheveux blancs et le ton de sa voix. As-tu vu son dernier film ?

Non, pas encore, et vous ?

Simon Trottier : Non ! Mais, que penses-tu de ce film de Danny Boyle ? Je n’aime pas spécialement les zombies mais ce film, 28 jours plus tard, était vraiment bien.

Quand il s’agit d’écrire des chansons, avez-vous des influences littéraires ? Aimez-vous lire ?

Taylor Kirk : Seulement des textos, surtout des textos. Je me sens honnête en ce moment… Je pense que j’ai lu trois livres l’année dernière et c’est quelque chose de très triste.

Simon Trottier : Mais tu lisais beaucoup avant.

Taylor Kirk : J’avais l’habitude de lire des livres. Je ne sais pas. J’étais vraiment intéressé par ça. Je suppose que je n’ai jamais trouvé le prochain livre à lire. J’étais très intéressé par Faulkner, plus récemment par Raymond Chandler, John Fante. Je ne sais pas, j’ai besoin d’aide !

Pour les enregistrements précédents, je me souviens de m'être tourné précisément vers Faulkner, Robert Frost, Arthur Rimbaud. J’ai repris un peu de Rimbaud, j’étais à nouveau intéressé par lui pour cet album. Tout ce qui est quelque part absurde… tout est formateur.

Avant Creep On Creepin’ On (2011), Timber Timbre était le projet d’un seul artiste. Comment le fait de devenir un groupe a-t-il changé les choses ?

Simon Trottier : Je ne sais pas, je n’étais pas là. (Rires)

Taylor Kirk : Je pense que la manière, le processus a changé. Avec Creep On, j’ai à peu près fini les chansons en termes de structure, savoir comment elles allaient être enregistrées. Nous avons collaboré comme un groupe pour produire et arranger l’enregistrement, les chansons. Cette fois, l’équipe était un peu différente dans ce sens-là. Et je devrais dire qu’avec le précédent, avec Creep On, j’avais plus d’influences textuelles que je travaillais pour les faire aller avec la musique. Et je pense que c’est quelque chose qui change à chaque fois, de manière plus ou moins arbitraire, selon le nombre de livres que j’ai réussi à lire. Le dernier, Hot Dreams, c’était pour la plupart des idées musicales, mis à part quelques textos fragmentés. Nous composons les idées séparément et après nous les rassemblons.

Vers 2011, vous avez dit : "nous sommes en train de faire beaucoup de répétitions, et nous prêtons beaucoup d’attention aux arrangements… nous allons devenir un groupe de rock, je suppose". Alors, l’êtes-vous devenu avec Hot Dreams ?

Taylor Kirk : (Rires.) J’ai besoin de réfléchir… Sommes-nous devenus un groupe de rock ? Je pense que oui !

Simon Trottier : Oui, oui !

Taylor Kirk : Maintenant c’est à peu près ça, la façon dont nous exécutons les chansons. Quand je disais "groupe de rock", je parlais du format rock : batterie, basse, guitare, claviers. Et c’est ce que nous faisons, alors…

Pourquoi avez-vous intitulé l’album d’après la chanson "Hot Dreams" ? Je pense que c’est un peu le "mouton noir" de l'album, elle est différente des autres chansons.

Taylor Kirk : Je la considérerais plutôt comme "le mouton blanc". (Rires) Désolé ! Mais je considère que c’est une meilleure analyse. Je pense que les autres chansons sont un peu obscures. Les autres albums ont été qualifiés d’inquiétants, effrayants, voilà les adjectifs qui ont été employés pour les décrire. Je voulais d’une certaine manière modérer un peu cela et avoir une approche différente.

Votre voix est devenue plus grave, si on la compare à "We’ll find out", par exemple. "Curtains" ressemble un peu à du R&B et "Grand Canyon" à du folk ou du blues. Avez-vous eu de nouvelles influences en composant cet album ?

Taylor Kirk : J’ai eu à nouveau la puberté ! (Rires)

Simon Trottier : Ta voix a changé…

Taylor Kirk : Puberté… Il y a trois pubertés chez l’homme, et ça continue de chuter. Je pense que c’est vrai.

Simon Trottier : Vraiment ?

Taylor Kirk : Je crois, oui. Tu ne le penses pas ?

Simon Trottier : Je n’y ai jamais pensé…

Taylor Kirk : Il y a cette puberté aussi quand tu atteins la trentaine ou quelque chose dans le genre, et tu deviens gros et chauve. La voix devient plus grave…

Simon Trottier : Bon, laisse-moi t’aider. Tu veux savoir les influences, c’est ça ?

Taylor Kirk : Une chose qui m’a vraiment intéressé, bon deux choses, ce sont Lee Hazlewood et Roger Miller. J’ai en effet chanté leurs chansons. J’ai un peu paniqué parce qu'ils ont des voix très graves, des voix de barytone. Et j’étais inquiet à l’idée de chanter les chansons de Hot Dreams, quand j’ai essayé et que je l’ai fait parce que je me suis rendu compte, j’ai pensé que j’avais composé ces chansons pour ce type de voix mais je n’ai pas vraiment ce type de voix. J’ai essayé alors de les imiter. C’est à peu près ce qui m’arrive toujours : trouver une autre voix que je voudrais émuler ou qui m’intéresse. Mais il y a d’autres différentes choses qui sont formatrices…

Simon Trottier : Mais, explique-toi, "Curtains" ressemble à du R&B ?

Au début, les claviers…

Simon Trottier : Oh oui ! Pour moi, le référence était plutôt le Kautrock, c’est du rock and roll allemand des années soixante-dix. C’est plus répétitif. Tu ressens cela aussi ?

Taylor Kirk : Oui, mais je comprends le R&B aussi, complètement.

Simon Trottier : OK, tu as raison, R&B.

Vous avez créé une image mystérieuse de vous-mêmes. C’est difficile de trouver des informations sur vous.

Les deux : C’est bien ! (Rires)

Simon Trottier : Mais tu vas ruiner notre image mystérieuse avec cette interview...

Vous avez été décrits comme une "énigme". Est-ce que cette image est une extension de votre musique ? Ou bien le contraire ? Comment les deux choses sont-elles reliées ?

Taylor Kirk : En voilà une question… Est-ce que l’image de nous-mêmes est une extension du projet ? Wow… Elle est profonde ! Je ne sais pas comment considérer cette question. Non, je ne pense pas que nous avons cette image de nous-mêmes. Je suppose que ça serait plutôt le contraire. Après, c’est juste plus intéressant et plus séduisant. Le moins tu sais sur un artiste…

Simon Trottier : Tu voudrais en savoir davantage mais tu ne peux pas. C’est plus intéressant ne pas savoir.

Je pense que les gens veulent aussi savoir des choses sur les personnes qu’ils aiment.

Les deux : Oui !

Simon Trottier : Ils veulent vraiment savoir.

Taylor Kirk : Mais ils ne peuvent pas !

Simon Trottier : Si nous disons à tout le monde ce que nous sommes maintenant, ils ne vont plus s’intéresser et vont se tourner vers quelque chose d’autre.

 

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L'interview en VO de Timber Timbre(mercredi 19 février 2014)

En savoir plus :
Le site officiel de Timber Timbre
Le Myspace de Timber Timbre
Le Facebook de Timber Timbre


Irene Alvarez         
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