Le festival "Aurores Montréal" a vocation à créer un pont entre les nouvelles scènes montréalaises et parisiennenes dans divers lieux de la capitale. Ce soir-là, rendez-vous était donné sur la Dame de canton, une péniche accostée sur les quais au pied de la Bibliothèque François Mitterrand.
Ludo Pin ouvre la soirée sur la péniche qui tangue un peu. Le français qui a sorti son premier album en 2008 et est parti s'installer à Montréal en 2010 vient présenter les chansons de son nouvel album, justement intitulé Paris Montréal. La dernière fois qu'on l'avait vu, c'était au Festival International de la Chanson à Granby, où il accompagnait la jeune chanteuse Marcie, qui était d'ailleurs présentée dans la salle à Paris ce soir.
Seul avec ses machines, il enchaîne les titres majoritairement folk et doux, parfois teintés de reggae. C'est la première fois qu'il joue "Sans ça" sans son groupe resté au Québec. L'inédit "Vieille Capitale" sur son départ de France est splendide, et devrait figurer sur son prochain album. Après une reprise de MC Solaar, "Victime de la mode", il termine avec "Le temps nous dira" ("Le temps nous dira si ce chemin était le droit... ou pas"), sans amplification au milieu du public. Ce chemi a en tout cas emmené Ludo Pin vers une carrière québécoise pleine de promesses.
Fred Woods est lui montréalais et chante en anglais. Sa voix rugueuse est sans aucun doute l'atout principal du groupe. Accompagné par un batteur et un second musicien aux claviers et ukulélé, ses chansons folk rock, volontiers mélancoliques à la croisée de Will Oldham et des Afghan Whigs avec une pincée de Radiohead, résonnent puissamment dans le petit lieu. Mais Fred Woods n'a pas le pied marin. Dérangé par les mouvements de la péniche ("C'est un autre environnement"), il met un peu de temps avant de rentrer dans son concert. Néanmoins "Come Out", aux ambiances maladives et à la batterie lente et lourde, trouvait toute son énergie alors que la salle continuait de tanguer doucement.
No Money Kids est un duo parisien d'électro blues composé de Félix Kazablanca à la voix et aux guitares et de Jean-Marc Pelatan à la basse aux claviers et aux samples. Après un installation un peu délicate des pédales, du clavier, de l'ordinateur, Jean-Marc Pelatan lance le concert par un "On verra si ça marche". Et ça a foutrement bien marché.
A la force répétitive des riffs, s'additionne les boucles électro dansantes. Leur musique est rentre-dedans, chaude, suante, suintante, crade et donne envie de bouger. "Man", extrait de leur EP Old Man, avec ses riffs puissants réveille le vieux blues urbain. Avec des morceaux beaucoup plus guitareux que ce que les Death From Above 1979 avait fait subir au John Spencer Blues Explosion ("Mars, Arizona (DFA remix)"), les deux parisiens jouent la carte du show en allant chercher le public et en se donnant à fond. Le bateau tangue de plus en plus au point que leur ordinateur tombe de son socle, mais ils continuent le morceau puisque les loops continuent à tourner. Finalement, la grosse découverte de cette soirée des "Aurores Montréal" aura été française et s'appelle No Money Kids. |