Réalisé par Anne Fontaine. France. Comédie dramatique. 1h39 (Sortie le10 septembre 2014). Avec Gemma Arterton, Jason Flemyng, Fabrice Luchini Fabrice, Isabelle Candelier, Elsa Zylberstein, Kacey Mottet Klein et Niels Schneider.
Souvent le meilleur d'un film est constitué par sa bande-annonce. Pour "Gemma Bovery", il s'agit de son épilogue qui, avec l'argument du fantasme littéraire d'un sexagénaire à la libido en jachère, constitue le synopsis parfait du film qu'il aurait pu être si...
Si le film d'Anne Fontaine n'était pas conçu pour et autour de deux acteurs, Fabrice Luchini et Gemma Arterton.
En premier lieu, privilège de l'âge, Fabrice Luchini, acteur avec chauffeur crédité au générique, qui fait du Luchini puissance quatre, c'est-à-dire Luchini jouant Luchini jouant du Luchini, doté d'un rôle et de répliques sur mesure faisant la part belle à son expression-culte du candide aux yeux écarquillés.
A lui le rôle du bobo sexagénaire transformé en gentleman-farmer après son coming out rural, avec reconversion en artisan pour reprendre la boulangerie paternelle, qui se morfond dans le bocage normand menant une vie végétative et contemplative.
Jusqu'à l'arrivée de nouveaux voisins et, plus précisément d'une séduisante voisine s'appelant Gemma Bovery dont la quasi homonymie avec celui de l'héroïne de l'oeuvre phare de Flaubert, "Emma Bovary" devenu son livre de chevet, enflamme son imagination.
Cette possible réincarnation nourrissant son fantasme le fait tomber en pâmoison, une pâmoison suivie d'une résurrection libidinale. Car les effluves boulangères provoquent un trouble orgasmique chez la jeune femme à la sensualité hédoniste, une passion pour les produits de panification qui, au demeurant, lui sera fatale.
Le bonhomme fort de sa culture livresque s'érige en deus ex machina en s'immisçant dans sa vie privée pour inverser le cours du destin original et, subsidiairement, tenter d'être honoré des faveurs de la dame.
La dame, c'est Gemma Arterton, l'actrice britannique qui "monte" et à qui est dévolu un rôle "bis repetetita" à celui qu'elle jouait dans "Tamara Drewe" réalisé par Stephen Frears, film qui a cartonné au box-office avec 11 milliards de recettes mondiales, ce qui ne manque pas de faire rêver les cinéastes français, qui était également adapté d'un roman graphique de Posy Simmonds usant de surcroît d'une thématique similaire.
Alors certes Gemma Arterton est un joli brin de femme, au physique sain, naturel et plantureux, femme à la Renoir avec un corps pulpeux et une frimousse tavelée encore empreinte de fraîcheur juvénile qui tend à supplanter celui de la jeune première étique, dont ne se lasse pas la caméra.
Mais cela ne suffit pas à pallier l'indigence du scénario, signé Anne Fontaine et Pascal Bonitzer, adapté d'une fantaisiste variation contemporaine du roman phare de Flaubert due à la plume de Posy Simmonds versée dans le "remake" littéraire participant de la "chick-lit".
Cela donne une film totalement dispensable truffé de clichés, de personnages stéréotypés - une épouse castratrice (Isabelle Candelier), une snob inculte (Elsa Zylberstein), un mari compréhensif (Jason Flemyng), un ex-amant mufle repenti (Mel Raido) et un jeune amant au physique séraphique (Niels Schneider) - et d'images d'Epinal, pardon, du pays de Caux. |