Kero Kero Bonito ("kero kero" étant le son du croassement de la grenouille en japonais) est un jeune groupe britannique qui exploite la carte de la nationalité japonaise de leur chanteuse pour se construire une identité musicale parfaitement délurée.
Popularisé avec le titre "Sick Beat", mêlant couplet en japonais et pont en anglais, le trio formé de Sarah, Gus et Jamie semblent bien vouloir donner de vilain coup de pied dans le monde de la pop.
L’invitation à découvrir leur univers nous est parvenu au travers d’une compilation de 15 titres, intitulés Intro Bonito. Hiragana (caractères japonais) sur fond rose bonbon, KKB, c’est la sensation londonienne qui à bien des égards risque de devenir incontournable.
Proprement halluciné et intemporelle, Intro Bonito, tout comme la majeure partie des titres le composant, marquera facilement les esprits grâce à l’exploitation de boucle extraite d’un RPG (ou carrément emprunté de Zelda, pour ce que l’on en sait !). Généralement mutin, la plupart des titres s’articulent avant tout sur l’humour et l’auto dérision ("They can’t even talk, and and they keep us up" sur "Babies (Are So Strange)"), histoire de prendre à revers les sempiternelles histoires de cœur brisé ou de jeunesse désabusée !
D’ailleurs, malgré l’utilisation persistante de la langue japonaise renvoyant immanquablement à la J-pop (musique pop japonaise, très visuelle, popularisée par l’animation), Kero Kero Bonito parvient à s’acheminer entre un méchant trip électronique et une pop complètement barrée. Et si l’esthétisme sonore n’est pas toujours des plus classieux, il a le mérite de jongler entre les langues et les rythmes sans se soucier de l’esthétique pop du moment.
Laissant la part belle aux jeux vidéo comme influence majeure, KKB réussit à faire le lien entre la J-pop et cette pop britannique qui a muté au tournant des années 2000, constamment à la recherche d’exotisme et d’exutoire ! Du coup, rythmique épileptique et musicalité indécente s’acharnent à frapper les esprits avec une kyrielle de sons 8-bits. Véritable sales gosses, Gus, Jamie et Sarah ne se limitent pas à donner juste quelques coups dans la fourmilière, non. On parle ici, de (très) gros et (très) lourds boulets, allègrement largués sur le paysage pop contemporain.
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