Le troisième de la liste. Le troisième des sequels tant attendues. Il y avait, d'abord, The Black Keys qui devaient donner suite a Thikfreakness, qui certes n'était pas leur premier album mais dont la sortie et l'accueil reçu étaient tout comme tant la découverte du groupe fut surprenante.
Il a eu, ensuite, les New-yorkais d'Interpol, rallumant les interrupteurs des amplis pour enregistrer –enfin- une suite a leur premier LP, Turn offthe bright lights.
Le troisième de la liste, qui j'en conviens est subjective, c'est Aha Shake Heartbreak , improbable album des Kings of Leon.
Premier EP prometteur et intriguant (Holy Roller Novocaine) puis premier LP venant confirmer la mise ; histoire familiale singulière –le groupe est composé de trois frères fils de pasteur - Caleb (guitare), Nathan (batterie), et Jared Followill (basse) - et de leur cousin, Matthew Followill ; enfance rurale…
Le groupe a eu la chance de tomber dans cette vague qu'on aime a qualifier de post Strokes, créant pour les amateurs de rock buzz sur buzz allumés, par une presse spécialisée remontée à bloc. L'accueil d'alors se concentrait sur leur ruralité, leurs longues chevelures et barbes et leur présupposée naïveté.
De la naïveté, le groupe en avait sûrement. Surtout au regard de l'impressionnant changement de style entre les deux albums. Changement de style qui ne s'entend pas à la sonorité mais dans les paroles. Un peu comme si Albert Ingalls, fils de l'honorable Charles Ingalls, découvrait que dans la grange de sa petite maison dans la prairie, on peut fourrer autre chose que du foin.
Les teen-agers ont découvert l'Angleterre et son excentrique vie nocturne, et en ont fait leur deuxième album. Débauche, sexe, défloration, impuissance passagère –alcool ou drogues- font de ce deuxième album le pommier du jardin d'Eden de papa.
"We've written about some things on this record that we're ashamed of, said things that we wouldn't normally say. We've got some songs about fighting and some songs about loving and some songs about fucking ”. ("Nous disons des choses dans cet album dont nous avons plutôt honte, qu'on ne dirait pas normalement. Nous parlons de bastons, d'amour et de sexe" – tiré de la biographie publiée sur le site officiel du groupe).
Le disque aligne 13 pistes au format inégal de rock primitif, celui qui sent encore le blues et la country. Malgré une batterie à la qualité rythmique un peu faible, l'impulsion est là. On vibre sur les trois premiers accords. Certes si la voix rocailleuse de Caleb peut en énerver certains, les filles apprécieront le mouvement élancé de la chevelure :
"Girls are gonna like the way I toss my hair,
Boys are gonna hate the way I sing"
Day Old Blues
Les chansons les plus entraînantes sont sans aucun doute "Slow down" , "Slow night ", "Taper Jean Girl", "The Bucket" et "Velvet Snow" . Caleb pousse même le vice jusqu'à utiliser la sensibilité de sa voix ("Milk", "Doft").
Kings Of Leon parviennent, sur ce deuxieme album, à prendre la route de la ville toute en gardant l'odeur de la campagne. Leur son ne s'est amélioré probablement que du fait d'un enregistrement plus soigné.
Avoir passé sa crise d'adolescent à Nashville, Tennessee, ne doit pas aider. Les Kings of Leon entament une carrière à la Rolling Stones, d'abord tout sage bien cravatés, puis le nez blanchi par la poudre. Espérons que le chanteur et guitariste Caleb Followill ne finisse pas comme Mick Jagger.
Et le fait de jouer les premières parties de la tournée Vertigo de U2 ne fait que renforcer cette crainte, seul point noir dans une ascension vers la postérité du rock'n'roll.
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